Le divorce entre Chabat et Benkirane est, plus que jamais, une question de temps. Les deux leaders ont atteint le point du non-retour. Le secrétaire général de l'Istiqlal a même appelé son homologue du PJD à chercher un autre allié capable de lui garantir la majorité au parlement. Chemine-t-on vers un gouvernement Benkirane II ? Les déclarations très claires faites par Hamid Chabat, lors de la réunion élargie entre les membres du comité exécutif et des inspecteurs du parti, tenue le soir de samedi au siège du parti à Rabat, accorderaient du crédit à l'option du divorce entre le PJD et l'Istiqlal. Le secrétaire général du PI y a appelé le Premier ministre à chercher un autre allié pour la constitution d'une nouvelle majorité. Chabat a même révélé que tous les ministres de la Balance auraient consenti de quitter le navire Benkirane à l'exception d'un seul. Des sources istiqlaliennnes pointent du doigt Mohamed El Ouafa, le ministre de l'Education, qui serait l'auteur de cette fronde. Entre Chabat et le gendre de Allal El Fassi, le fondateur du PI, les relations sont très tendues. Lors de son fameux discours, du 1er mai à l'occasion de la Fête du Travail, le SG de l'Istiqlal a traité El Ouafa de «mineur». Benkirane : «le feu n'est pas encore éteint» Vingt-quatre heures après les propos de Chabat, Benkirane riposte. Dimanche lors d'une réunion interne des présidents PJDistes des communes, il a averti que le feu à l'origine du Mouvement du 20 février «n'est pas encore éteint». Un message direct à ses détracteurs en vue de le laisser travailler et afin de tirer les leçons de la chute de l'ancien président tunisien Ben Ali. Durant son intervention, Benkirane s'est présenté comme un défenseur des revendications portées par le M20, alors qu'en réalité, il s'était montré plutôt hostile aux premières marches du Mouvement. Pire, il avait, même, contraint la jeunesse de son parti de ne pas descendre pour battre le pavé. Ce n'est qu'après la réussite des manifestations que les islamistes ont adhéré au M20 et constitué la faction Baraka. Fidèle à sa ligne de conduite de se montrer plus royaliste que le roi, Benkirane a réitéré que «l'intérêt de la monarchie est au-dessus de celle du PJD». Le PJD se prépare à l'option du retrait du PI A l'instar de Chabat qui a convaincu le parlement de son parti de valider, à une majorité écrasante, le retrait du cabinet Benkirane serait sur la même voie. Il est fort probable que la réunion, prévue en fin de semaine, du Conseil national du PJD se conclu par une invitation au secrétaire général du PJD à présenter sa démission au roi Mohammed VI pour, ensuite, former une nouvelle équipe mais sans l'Istiqlal. Le RNI ou l'UC sont pressentis pour remplacer les amis de Chabat. C'est l'option la plus plausible, sachant que le recours à des élections anticipées se solderait par les mêmes résultats que ceux des législatives du 25 novembre 2011. L'article 47 de la constitution prévoit qu'«à la suite de la démission du chef du gouvernement, le roi met fin aux fonctions de l'ensemble du gouvernement. Le gouvernement démissionnaire expédie les affaires courantes jusqu'à la constitution du nouveau gouvernement».