C'est une première dans l'histoire de l'un des plus vieux partis au Maroc. Hamid Chabat, un ancien ouvrier, souhaite mettre un terme à la dynastie des Fassi à la tête de l'Istiqlal. Un roturier menace de s'emparer de la citadelle du clan El Fassi. Hamid Chabat, l'homme aux multiples casquettes au sein de l'Istiqlal, est à la fois maire de Fès, député et secrétaire général du syndicat l'UGTM, et il ne cache plus ses ambitions de succéder à Abbas El Fassi à la tête de l'Istiqlal, lors de son 16ème congrès qui se tient du 29 juin au 1er juillet. En face de Hamid Chabat, l'ancien ouvrier dans une usine de motocycle, un véritable «sang bleu», Abdelouahed El Fassi. Un homme peu charismatique mais qui a une superbe carte généalogique, il est le fils de Allal El Fassi, le fondateur du parti de l'Istiqlal. Une des figures de proue du mouvement pour l'indépendance du Maroc. Le comble dans cette histoire de concurrence entre les deux prétendants, c'est, en effet, Hamid Chabat qui encourageait, il a y quelques mois, Abdelouahed à prendre les rênes du PI. A l'époque Abbas El Fassi, fort de son titre de premier ministre, préparait son gendre, Nizar Baraka, l'actuel ministre des Finances, à sa succession. Un plan qui a pris l'eau avec le désistement de Baraka pour se présenter aux législatives anticipées du 25 novembre dernier par peur de l'échec. C'est également la même décision qu'a prise Abdelouahed El Fassi Les atouts du "roturier" Certes Hamid Chabat n'a pas eu la chance de côtoyer Allal El Fassi, décédé en 1974 dans un crash d'avion, mais depuis son adhésion à l'Istiqlal au milieu des années 80, il a connu une ascension fulgurante. La grève générale du 14 décembre 1990, avec des dizaines de morts tombés, à Fès, sous les balles réelles des forces de l'ordre, constitue son véritable baptême du feu. Depuis cette date, Chabat commence à tisser son propre réseau au sein de l'Istiqlal. En une vingtaine d'années, il a réussi à mettre la main sur la mairie de Fès, le berceau du clan El Fassi, lui qui est originaire de Taza. Et comme l'appétit vient en mangeant, il déloge en 2008 Mohamed Benjelloun Al Andaloussi, un autre fassi, du secrétariat général de l'UGTM (Union générale des travailleurs au Maroc) pour prendre sa place. Il est également membre de la Chambre des représentants, il en est à son troisième mandat. Hamid Chabat contrôle également la jeunesse du parti et l'organisation des femmes istiqlaliennes. Certaines sources avancent, également, qu'il a le soutien d'une vingtaine de sections régionales du parti. Contrairement aux autres têtes d'affiche de l'Istiqlal, Hamid Chabat n'entretient aucune alliance maritale avec le clan de Allal El Fassi. Nizar Baraka et Mohamed El Ouafa, respectivement ministres des Finances et de l'Education, doivent leur ascension politico-sociale justement à des mariages scellés avec le clan El Fassi. Les dernières nouvelles du congrès de l'Istiqlal soulignent que le clan El Fassi serait en préparation d'un plan B. Au cas où Abdelouahed El Fassi ne parvenait pas à tenir tête à Hamid Chabat de présenter la candidature de Mohamed El Ouafa, un membre du clan El Fassi par alliance.