La crise à la majorité entame sa deuxième semaine. Le bout du tunnel est encore loin. Les deux protagonistes ne montrent aucun signe de souplesse. Pire, au fil des jours, leur antagonisme va crescendo. Dans ce contexte, l'Istiqlal propose de nommer un nouveau chef de gouvernement issu du PJD. Hier, à l'occasion d'un meeting des secrétaires des sections du PJD tenu à Bouznika, Abdelilah Benkirane, s'est référé, à sa manière pour la première fois, à la décision du conseil de l'Istiqlal de se retirer de son gouvernement. Mesurant bien toute la portée de ses mots et recourant à des phrases courantes, il a déclaré qu' «il y a un courant en faveur de la réforme et un autre qui s'y oppose. Le parti (PJD, ndlr) est parfaitement conscient de sa responsabilité. Et toute tentative de faire échouer cette expérience serait synonyme du retour du Maroc à la logique du contrôle et l'entrée dans une aventure à laquelle nous refusons de prendre part» parce qu'elle «menace notre pays dans sa stabilité, sa sécurité, ses investissements, son économie et dans d'autres dossiers stratégiques». "Il est impératif de réformer" Fidèle à un discours qu'il a développé, voilà plus de quatre ans, depuis l'avènement du PAM sur l'échiquier politique, Benkirane a continué d'envoyer des fleurs au Palais : «Nous ne voulons ni la destruction de notre pays ni renoncer à notre monarchie». Et de marteler à deux reprises qu'il «est impératif de réformer, impératif de réformer». Mais devant les secrétaires des sections du PJD, le chef du gouvernement a tout de même évité de traiter ses opposants de «démons» et de «crocodiles». Si Benkirane s'est montré très réservé en abordant la décision de l'Istiqlal de quitter son navire, Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du PJD, a expliqué, lors d'une émission, diffusée hier sur Medi1TV que "ni le PJD ni le gouvernement n'ont reçu une correspondance officielle de l'Istiqlal les informant de la décision du conseil national du PI» du retrait de l'exécutif. L'Istiqlal pour le changement... de Benkirane La crise à la majorité a dix jours. L'Istiqlal de Hamid Chabat opte de plus en plus pour un changement du chef de gouvernement. Par la voix de ses jeunes députés, El Kihel et Falah, le parti de la Balance met sur la table des négociations, la proposition de nommer un nouveau capitaine du navire, toujours du PJD. Saâdeddine El Otmani serait le candidat idéal pour remplacer Benkirane. L'actuel ministre des Affaires étrangères a le mérite d'être un homme de dialogue qui évite de tomber dans le populisme. Il compte également le soutien du Palais. Ses relations avec l'entourage royal, notamment Fouad Ali El Himma, sont bonnes même en période de tension avec le PAM, El Otmani était l'une des rares têtes d'affiche du PJD à avoir évité de monter sur l'arbre de la polémique. Le roi mécontent de la querelle Chabat-Benkirane ? Dans son édition d'aujourd'hui, le quotidien Akhbar Al Yaoum, avance que le roi Mohammed VI n'aurait pas apprécié que le différend entre Hamid Chabat et Abdelilah Benkirane ait atteint ce point de non-retour alors que la gravité de la crise économique requiert la coordination entre la majorité gouvernementale en vue de dépasser cette phase critique. En attendant la très attendue rencontre entre Chabat et le roi, des informations font état de l'envoi au cabinet royal du mémorandum détaillant les raisons de la décision du retrait de l'Istiqlal du gouvernement.