L'Istiqlal a soumis jeudi dernier un mémorandum au chef du gouvernement dans lequel le parti demande une évaluation des actions gouvernementales et un remaniement ministériel. Evoquée depuis plusieurs mois par Hamid Chabat, la demande d'un remaniement ministériel est désormais officielle. L'Istiqlal a soumis jeudi un mémorandum au Chef du gouvernement. C'est avant tout une promesse de campagne de Chabat, mais derrière cette demande se cacherait une volonté d'évincer du gouvernement les opposants de Chabat au sein de l'Istiqlal. Au-delà des tensions internes au parti, le mémorandum reflète également l'absence de cohésion au sein de la majorité. Abdelkader El Kihel (à gauche) lors d'une rencontre des représentants d'Al Adl Wal Ihssane avec Hamid Chabat. Une requête « normale » Néanmoins, pour le clan Chabat, ce mémorandum ne concerne nullement des querelles intestines du parti ni des règlements de comptes. Le document adressé jeudi au Chef du gouvernement indique qu'il s'agit d' « un mécanisme naturel auquel l'on peut recourir pour donner plus de vigueur à l'action de l'exécutif ». La soumission du mémorandum aurait d'ailleurs été faite suite à une demande de Abdelilah Benkirane, pour un examen collégial. Contacté par Le Soir échos, Abdelkader El Kihel, membre du comité exécutif, s'étonne des réactions concernant la demande de remaniement faite par l'Istiqlal indiquant qu'il s'agit d'une demande tout à fait « normale ». El Kihel rappelle que le mémorandum appelle à « une évaluation de l'expérience gouvernementale et à une révision des actions menées au sein de tous les ministères ». « L'évaluation concerne tous les secteurs, et pas uniquement les ministères gérés par l'Istiqlal », insiste El Kihel. « Nous appelons à un remaniement ministériel global ». Interrogé sur l'éventualité d'un refus de la demande de remaniement, Abdelkader El Kihel préfère ne pas faire de déclaration à l'heure actuelle. « Nous n'en sommes pas encore là. Notre réaction dépendra de la manière dont sera traitée notre demande», indique-t-il. « Mais nous sommes optimistes quant à la réceptivité de notre requête puisque notre volonté est avant tout de garantir la réussite de l'expérience gouvernementale », ajoute El Kihel. Pour l'Istiqlal, la nécessité d'un remaniement ministériel s'impose dans le contexte actuel vu les « dysfonctionnements de l'action gouvernementale », notamment concernant les questions socio-économiques. Il s'agit d' « insuffler une nouvelle dynamique, parer aux dysfonctionnements et rattraper le retard pris dans le traitement de certains dossiers en veillant à redistribuer les portefeuilles ministériels en pôles homogènes et à en réduire le nombre », peut-on lire dans le mémorandum. Parmi les demandes élaborées dans le mémorandum, la révision des priorités du gouvernement, en donnant notamment plus d'importance aux dossiers d'ordre social et économique, tels que l'emploi, le pouvoir d'achat, l'accès au logement et la lutte contre la pauvreté. L'Istiqlal souhaite également renforcer la présence féminine au gouvernement afin d'atteindre les 20 %. Le parti de la Balance souhaite également renforcer la présence des représentants des provinces du sud au sein de l'équipe gouvernementale. Révision de la Charte de la majorité Autre critique faite par l'Istiqlal, l'unilatéralisme du PJD dans la prise de décision et l'absence de consultations des autres partis de la majorité. « Je pense que le danger qui nous guette c'est cette volonté de diriger le gouvernement avec l'esprit d'un seul parti. Nous agissons dans le cadre d'un Etat dont le Chef du gouvernement est à la fois celui d'une coalition gouvernementale et celui du gouvernement de tous les Marocains », avait déclaré Hamid Chabat il y a quelques jours dans un entretien accordé au quotidien Le Matin. L'Istiqlal exige la révision de la Charte de la majorité afin d'aboutir à une cohérence de la coalition gouvernementale à travers des prises de décisions collégiales, impliquant les quatre partis de la majorité au même titre. Le mémorandum de l'Istiqlal appelle à la tenue de réunions périodiques et à la médiation, en cas de désaccord au sein de la majorité. L'Istiqlal appelle également à la redistribution des portefeuilles ministériels proportionnellement aux nombres de sièges obtenus par chaque parti lors des législatives de novembre 2011. Cette demande concerne directement le PPS qui gère quatre ministères (la Santé, la Culture, l'Emploi et l'Habitat) alors qu'il n'a obtenu que 18 sièges aux législatives. A noter que l'Istiqlal qui a obtenu 60 sièges est représenté par six ministres actuellement. Autre demande faite par l'Istiqlal, celle de ne pas partager la gestion d'un département par plus d'un ministre ou d'un parti politique, comme c'est le cas pour le ministère de l'Economie et des finances ainsi que le ministère des Affaires étrangères. Cela permettrait de « clarifier les responsabilités » de chacun tout en favorisant « l'application du principe constitutionnel de corrélation entre responsabilité et reddition des comptes ». * Tweet * * *