Après des mois de rupture, Chabat et Benkirane se sont enfin retrouvés dans la cadre d'une réunion de la majorité. C'était vendredi à Rabat. Les composantes de la majorité de Benkirane s'offrent une trêve en attendant que les escarmouches ne reprennent le dessus. Vendredi, les leaders du PJD, Istiqlal, PPS et MP, accompagnés de leurs proches collaborateurs, se sont donnés rendez-vous dans la résidence officielle du chef du gouvernement, située dans un cossu quartier de la capitale. Une réunion longtemps réclamée par Hamid Chabat. Sur ce point, le patron du PI a eu gain de cause. Il n'est pas le seul. Les chefs du PPS et du Mouvement populaire ont, profité de la tension entre Chabat et Benkirane, pour gagner leurs galons de médiateurs. C'est, effectivement, grâce à leurs efforts, que la majorité gouvernementale a évité de sombrer dans l'implosion. Benkirane a révisé ses positions Dans cette affaire, c'est le chef de gouvernement qui a révisé ses positions. Maintenant, il se dit ouvert au dialogue et disposé à rencontrer ses alliés à n'importe quel moment. Mieux encore, Benkirane a accepté la principale demande de son rival : modifier la Charte de la Majorité, rendue public en janvier 2012 et surtout discuter les grandes décisions au sein du conseil de la majorité, dans le quel siège les quatre chefs, avant qu'elles ne soient adoptées en conseil de gouvernement. Par cette concession de Benkirane, Chabat aura, désormais, un droit de regard sur des questions sensibles comme les projets de la réforme de la compensation, de la retraite et éventuellement les hausses des prix des carburants ou de l'électricité. Benkirane n'est pas sorti bredouille Par ailleurs, le secrétaire général du PJD n'est pas, totalement, sorti bredouille de la réunion du vendredi. En fin politicien, et après quatre heures de palabres, il a, visiblement, marqué des points. En impliquant le chef de l'Istiqlal dans la prise de certaines décisions, il a réussi à éviter que Hamid Chabat ne succombe à la tentation de coordonner avec le PAM et l'USFP, deux formations de l'opposition, contre lui. Et il aura gagné, pour quelques temps, le silence du patron de l'Istiqlal. Une tactique qui n'est pas sans rappeler celle qu'avait utilisée l'ancien chef de gouvernement, Abderrahman El Youssoufi (1998-2002) avec Abbas El Fassi. Le premier agacé par les multiples critiques du second a fini par l'intégrer, grâce au remaniement ministériel de septembre 2000, dans son équipe en lui confiant le très délicat maroquin de l'Emploi. A la réunion du vendredi, Chabat était accompagné de l'ancienne ministre de la Santé, Yasmina Baddou. C'est la première fois qu'une femme assiste à des négociations de haut niveau.