Après plus d'une semaine de silence assourdissant, le Parti de la justice et du développement a enfin communiqué officiellement sur la décision du retrait de l'Istiqlal du gouvernement en mandatant Abdelali Hami Eddine pour participer, dimanche soir, à l'émission « Milaf Li Nikach » de Médi1TV. Il était grand temps ! Acteurs politiques de l'opposition et observateurs appelaient le PJD à sortir de son mutisme et à dévoiler sa vision quant à la décision de l'Istiqlal qui a secoué la coalition gouvernementale. En gros, le Parti de la lampe, à l'instar de ses deux alliés (MP et PPS), reste dans l'expectative et préfère la continuité pour préserver les intérêts du pays. Pour le dirigeant pjdiste, au cas où l'Istiqlal déciderait de présenter la démission de ses ministres, le chef du gouvernement sera appelé, en premier lieu, à chercher un allié. Qui sera-t-il ? Aucune réponse ne filtre : « Il est encore prématuré de se prononcer sur cette question. » Le PJD tient à rassurer. Le parti veillera à éviter la tenue de législatives anticipées « même si les bases sont favorables à cette option ». Cette conjoncture spéciale nécessite, selon le parti de la lampe, la poursuite des efforts déjà engagés pour pouvoir aller de l'avant et mettre en œuvre les réformes tant attendues. Remaniement ministériel ? En somme, l'on comprend que le PJD s'attendait, en premier lieu, à un remaniement ministériel qui toucherait uniquement les ministres de l'Istiqlal. Hors de question de réviser la structure gouvernementale comme cela a été exigé par les héritiers de Allal El Fassi. Ceux-ci détiennent la présidence de la Chambre des représentants outre les six portefeuilles ministériels, tient à souligner Hami Eddine. « Le poste du président de la Chambre des représentants équivaut à deux, voire trois portefeuilles ministériels. Aussi, peut-on considérer que l'Istiqlal est représenté par 8 ou 9 départements ministériels », a-t-il relevé. La cohabitation est-elle toujours possible entre le PJD et l'Istiqlal après les multiples échanges copieux entre les deux alliés ? La réponse est laconique : « Oui, à condition que Hamid Chabat change de discours politique. » Le chef de file du parti de la balance est épinglé pour ses « diffamations » à l'encontre des membres du gouvernement et de la majorité. « La critique constructive est souhaitable alors que les calomnies ne sont nullement acceptées notamment de la part d'un chef de parti politique », a véhiculé à plusieurs reprises ce membre du secrétariat général du PJD. Du côté de Chabat, les tirs contre la majorité se poursuivent. Lors d'un meeting partisan à Fès, le week-end dernier, il n'a pas hésité encore une fois à tirer à boulets rouges sur le PJD et le PPS. Pourtant, celui-ci est l'allié de l'Istiqlal depuis de longues années dans le cadre de la Koutla démocratique. Le secrétaire général istiqlalien n'apprécie pas les interventions du patron du parti du livre et le taxe d'être « le porte-parole du PJD ». La critique à l'égard de la représentativité du PPS au sein du gouvernement malgré son « faible » score électoral est à chaque fois brandie. Les ministres progressistes sont également épinglés pour « leur manque de réalisations ». L'Istiqlal aspire à une refonte de l'architecture du gouvernement et Chabat parle même d'un gouvernement d'Union nationale. À présent, bien que les positions officielles des partis de la majorité soient désormais connues, l'attentisme règne sur l'échiquier politique. Une seule phrase est partagée entre les différentes composantes de la coalition gouvernementale : « la nécessité de veiller à l'intérêt général du pays ». Le moment est critique, selon le chef du gouvernement « Le moment est critique et fort. Mais il faut dire que le problème ne se situe pas au niveau du gouvernement, mais plutôt au niveau de la majorité ». La déclaration émane du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, le 19 mai, lors d'un séminaire organisé à Bouznika par l'une des sections du PJD. Il n'a pas hésité à critiquer Chabat, mais sans le citer nommément. Pour lui, le parti est prêt à toutes les éventualités, tout en prenant en considération les intérêts du pays. « Le PJD ne craint pas les élections anticipées. », a-t-il tenu à conclure. Par Jihane Gattioui - www.lematin.ma Publié par : Meriem Najeb