La majorité tiendra enfin une réunion. Cela fait des mois que les leaders des quatre partis de la majorité ne s'étaient plus réunis. Et pour cause, les relations entre Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement et Hamid Chabat, secrétaire général de l'Istiqlal, sont très tendues depuis l'arrivée de ce dernier à la tête du parti. Il a fallu d'ailleurs l'intervention des anciens secrétaires généraux de l'Istiqlal et du PPS, en l'occurrence Abbas El Fassi et Ismail Alaoui pour que la réunion de la majorité ait enfin lieu. «MM. El Fassi et Alaoui sont effectivement intervenus pour rapprocher les points de vue pour que la majorité puisse enfin se réunir. Les deux hommes ont ainsi pu obtenir un accord de Benkirane et de Chabat sur la question», affirme une source bien renseignée au sein de l'Istiqlal. Et de poursuivre : «La date et l'heure de la réunion n'ont pas encore été fixées mais la rencontre devra normalement réunir tous les dirigeants des quatre formations de la coalition gouvernementale selon un ordre du jour qui reste encore à fixer mais dans lequel la note adressée par l'Istiqlal à ses alliés au sein de la majorité occupera une place importante». Si la réunion en elle-même ne constitue pas une très grande importance puisqu'elle devait inéluctablement avoir lieu, ce sont plutôt les décisions que la majorité devra prendre qui sont très attendues. La revendication principale de l'Istiqlal reste le remaniement ministériel. Chabat en a d'ailleurs fait un argument de campagne lors du dernier congrès de l'Istiqlal. La position du PJD est également connue. Le chef de gouvernement et secrétaire général du parti de la lampe avait quelques semaines auparavant, annoncé qu'il «ne cèdera pas aux pressions» allant même jusqu'à lancer un défi à Chabat sans bien évidemment le nommer. Les deux hommes refusent donc toujours de lâcher du leste même si Chabat a changé de ton vis-à-vis de Benkirane ces derniers jours. Qui des deux hommes cèdera-t-il le premier devant l'autre? En tout cas, la partie qui devra revenir ses positions connues du grand public sur la question du remaniement ministérie paiera sans nul doute un très grand tribut de sa crédibilité et légitimité politique. Mais alors que les deux partis politiques alliés ne parviennent pas à se mettre d'accord sur ce dossier, voilà que les prémices d'un nouveau clash font surface. La démarche et la vision de la réforme de la Caisse de compensation adoptées par le gouvernement sont aujourd'hui critiquées par des figures au sein de l'Istiqlal. Adil Diouri, membre du bureau politique de l'Istiqlal et chef du cercle des économistes istiqlaliens, a clairement et ouvertement remis en cause les solutions envisagées par l'équipe Benkirane pour réformer la compensation. «Les aides mensuelles promises par certains responsables pjdistes du gouvernement ne sont guère que des annonces à des fins politiques. Il faut savoir que le gouvernement n'est pas encore prêt pour lancer la réforme», ajoute la même source istiqlalienne. Reste maintenant à savoir qu'un revirement de dernière minute aura lieu. L'opinion publique en a pris l'habitude avec les responsables politiques.