Hamid Chabat a jeté un pavé dans la mare en annonçant directement à Benkirane que le parti de l'Istiqlal veut un remaniement. En effet, le nouveau secrétaire général de l'Istiqlal a fait part de cette revendication pour la première fois dans une réunion de la majorité au secrétaire général du PJD mais également à Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS, et Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire. Il s'agit là de la première réunion de la majorité depuis l'arrivée de Chabat à la tête du parti de la balance. «Les secrétaires généraux des quatre formations de la majorité parlementaire se sont réunis, samedi à Rabat, pour discuter de la rentrée parlementaire, de la loi de Finances et des futures lois organiques. M. Chabat a profité de la réunion pour soulever la question du remaniement officiellement pour la première fois», explique une source bien informée au sein de la majorité. Pris au dépourvu, le chef de gouvernement a préféré reporter le débat sur la question. «MM. Benkirane, Chabat, Laenser et Benabdellah ont convenu de se réunir dans une semaine pour approfondir le débat, notamment sur la question du remaniement», ajoute la même source. La majorité cèdera-t-elle à la volonté de la nouvelle équipe dirigeante de l'Istiqlal? Il est difficile de répondre pour le moment surtout qu'il est tout aussi difficile d'envisager actuellement la portée et l'ampleur de ce remaniement. L'Istiqlal a déjà laissé entendre qu'il comptait œuvrer pour un changement qui puisse refléter le véritable poids du parti en tant que deuxième force parlementaire. Autrement, le remaniement ne devrait pas se limiter à un changement du casting istiqlalien dans le gouvernement Benkirane. Chabat pourrait ainsi demander plus de portefeuilles, ce qui risque de déstabiliser l'ossature même du gouvernement actuel. Ce sont donc des moments difficiles qui attendent la majorité. L'Istiqlal a déjà annoncé la couleur dans sa dernière réunion du comité exécutif. Dans un communiqué à l'issue de cette réunion, le parti a fustigé la prestation de Benkirane dernièrement à Strasbourg. «Le discours du chef de gouvernement donnait l'impression d'être un discours d'un chef de parti alors que ses propos devaient refléter la vision de la majorité et d'un pays tout entier», affirme Adil Benhamza, député et membre du comité exécutif. Et de conclure : «Ce n'est pas la première fois que M. Benkirane fait l'amalgame entre le gouvernement et son parti. Il l'a déjà fait à maintes reprises au Parlement. Nous avons voulu donc attirer l'attention sur ces faits».