Le remaniement du gouvernement Benkirane ne serait qu'une question de temps, bien que le parti de l'Istiqlal soit le seul dans la majorité gouvernementale à le revendiquer officiellement par le biais de son secrétaire général fraîchement élu, Hamid Chabat. Ce dernier a jugé, hier lors d'un forum organisé par la MAP, «pressant» le besoin d'un remaniement, critiquant l'action gouvernementale et le manque de représentation féminine en son sein. «Le secrétaire général de l'Istiqlal a évoqué son intention de demander à la majorité de procéder à un changement dans le souci de renforcer la représentativité de l'Istiqlal, mais également pour améliorer la productivité et le rendement de l'équipe gouvernementale», affirme Ahmed Taoufiq Hjira, membre du bureau exécutif de l'Istiqlal. Et de poursuivre: «Aucune décision n'a été prise pour le moment concernant les Istiqlaliens qui vont renforcer le gouvernement. Mais une chose est sûre: le nouveau secrétaire général ne sera pas parmi les ministrables. Il l'a lui-même nié catégoriquement lors de la conférence de presse». Mais Chabat ne veut pas se limiter à un changement de casting mais semble pousser vers un élargissement de la majorité. Il a même trouvé le parti candidat qui n'est autre que l'USFP (Union socialiste des forces populaires). Il avait, dans ce sens, rencontré de hauts cadres du parti quelque temps après son élection à la tête de l'Istiqlal. Cette ambition trouve également écho au sein du PPS (Parti du progrès et du socialisme) qui fut le premier à parler d'un remaniement à peine quelques semaines après la formation du gouvernement. «La présence de l'USFP au sein du gouvernement sera la bienvenue. Personnellement, je pense qu'une majorité plus large est une bonne idée vu la situation économique et sociale actuelle où il va falloir prendre des mesures pas toujours très populaires», explique Mohamed Grine, membre du conseil de la présidence du PPS. Concernant le timing du remaniement, il va falloir attendre encore quelques mois. «Ce n'est qu'à partir de 2013 qu'on pourra parler et penser sérieusement à un remaniement afin de procéder à quelques réajustements et changer les ministres qui ont montré certaines limites à gérer les dossiers de leurs départements. Mais il va falloir attendre encore un peu car le gouvernement n'a pas encore bouclé sa première année», poursuit M. Grine. Qu'en pense alors le PJD (Parti de la justice et du développement)? Benkirane devra bientôt se réunir avec les chefs des partis politiques de la majorité gouvernementale. L'occasion pour rencontrer le nouveau SG de l'Istiqlal mais également pour tâter le pouls des autres composantes de la majorité sur la question. D'ici là, les responsables du PJD se montrent un peu réservés. «La demande n'a pas été encore faite officiellement pour procéder à un remaniement. La majorité a un mécanisme de suivi politique formé par les leaders des partis de la majorité qui vont prendre une décision sur ce sujet. Mais je précise que la question n'a pas encore été soulevée officiellement», affirme Abdelaziz Omari, directeur général du PJD. Pour sa part, Abdelaziz Aftati, député du parti, pense que le remaniement pourra intervenir uniquement pour répondre à un besoin. «Nous serons pour un remaniement si toutes les composantes de la majorité sont convaincues. Le but sera d'aller vers un rajeunissement du gouvernement et donner plus de places aux femmes. On sera également pour un élargissement de la majorité pour permettre l'entrée de l'USFP, car nous sommes dans une période démocratique transitoire qui nécessite l'adhésion de tous», dit-il. Pour sa part, Le Mouvement populaire n'a pas encore tranché la question. Contacté par ALM, Fadili Mohamed, secrétaire général adjoint du MP, affirme que les instances du parti vont se réunir avant de réagir officiellement. Reste à savoir enfin si l'USFP sera intéressé par l'offre de la majorité. Le parti avait déjà refusé de rejoindre l'équipe de Benkirane préférant rallier l'opposition. Mais cette position pourrait changer avec l'arrivée d'une nouvelle équipe dirigeante après le prochain congrès de socialistes prévu les 14, 15 et 16 décembre 2012.