Le chef de la MINURSO, Alexander Ivanko, a sérieusement remis en question la thèse de la «guerre» au Sahara, que ne cesse de promouvoir le Polisario depuis quatre années. Au Conseil de sécurité, le Russe a noté l' «incapacité» du Front à modifier le statu quo par des actions militaires tout en saluant la retenue des FAR. Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental et chef de la MINURSO, Alexander Ivanko, a informé ce lundi 14 avril les membres du Conseil de sécurité des derniers développements sur le terrain, depuis l'adoption de la résolution 2756 le 31 octobre 2024. Dans une intervention consultée par Yabiladi, le diplomate russe a déclaré que «le Front POLISARIO ne semble pas en mesure de causer des dommages significatifs aux FAR (Forces armées royales), ni de modifier le statu quo par des moyens militaires. Cependant, il continue de rejeter mes appels à la cessation des hostilités. En revanche, les FAR, dotées de capacités militaires considérables, font preuve de retenue jusqu'à présent». Ivanko a révélé que le Polisario n'a pas répondu à sa proposition de trêve durant le Ramadan, tandis que les FAR ont accepté l'offre, tout en se réservant le droit de riposter aux attaques du Polisario. Lors de son briefing, Ivanko a salué «la coopération» des FAR avec la MINURSO. «La MINURSO bénéficie d'une étroite collaboration de la part des FAR à tous les niveaux, notamment grâce aux visites régulières du commandant de la force au commandement des FAR à Agadir. Des patrouilles terrestres et des vols de reconnaissance en hélicoptère sont régulièrement effectués, respectant la liberté de mouvement de la Mission», a-t-il indiqué. «Les FAR réitèrent régulièrement leur engagement envers le cessez-le-feu et les accords connexes, tout en se réservant le droit à la légitime défense.» Alexander Ivanko La MINURSO n'a pas pointé la construction du second passage routier Maroc-Mauritanie Ivanko a déploré que le Polisario continue de restreindre les mouvements des casques bleus. «Les patrouilles terrestres restent limitées à des couloirs de 20 kilomètres autour des bases d'opérations, et aucun vol de reconnaissance en hélicoptère n'est autorisé», a-t-il regretté. «Le commandant de la Force 3 ne peut toujours pas rencontrer en personne les dirigeants militaires du Front POLISARIO à Rabouni (camp, ndlr). Comme vous pouvez le constater, notre capacité à surveiller les activités militaires des parties reste très limitée», a-t-il ajouté. Le chef de la MINURSO a également abordé la route que le Maroc construit pour relier Es-Smara à la Mauritanie. «Grâce à ses activités d'observation, la MINURSO a constaté la construction d'une route goudronnée de 93 kilomètres reliant Smara à la porte du mur de sable d'Amgala menant à la Mauritanie. Les patrouilles d'enquête de la MINURSO ont déterminé que cette route serait également adaptée à la circulation de véhicules et d'équipements militaires lourds, améliorant ainsi l'efficacité opérationnelle des troupes des FAR déployées le long du Mur de Sable», a déclaré Ivanko. «En février, le commandant de la force de la MINURSO a été informé par les FAR que la route n'était pas liée à son mandat ni à ses opérations. Cette route fait partie des nombreuses autres prévues par le Maroc pour renforcer l'infrastructure routière sur le territoire», a-t-il précisé lors de son discours devant les membres de l'instance exécutive de l'ONU. Un passage qui risque de provoquer la colère du Polisario. Alexander Ivanko a conclu son briefing en reconnaissant que la MINURSO continue de faire face à une crise financière, «en raison du paiement tardif ou partiel des cotisations des Etats membres. J'ai dû prendre des mesures drastiques qui limitent notre capacité à accomplir les tâches assignées par ce Conseil. À la mi-mars, je n'ai eu d'autre choix que de réduire drastiquement les patrouilles terrestres à l'est et à l'ouest du mur de sable, d'annuler toute reconnaissance par hélicoptère à l'ouest du mur et de reporter tout remplacement d'observateurs militaires sortants», a-t-il conclu.