Après Antonio Guterres, le chef de la MINURSO a briefé, hier soir, les membres du Conseil de sécurité sur les obstacles qui entravent les actions des casques bleus. Une intervention qui risque d'irriter le Polisario. Le représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la MINURSO, Alexandre Ivanko, a énuméré lors d'une séance tenue à huis-clos le lundi 16 octobre, au Conseil de sécurité, les problèmes auxquels font face les casques bleus dans l'exercice de leurs fonctions. Le Russe a reconnu, dans son intervention consultée par Yabiladi, que depuis la résolution 2654, adoptée le 27 octobre 2022, «la situation reste difficile pour la MINURSO et caractérisée par un conflit de faible intensité». Une observation qui abonde dans le sens du rapport du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Ivanko a notamment dénoncé «les obstacles opérationnels persistants et l'absence de progrès dans le processus politique» qui entravent les actions de la mission de l'ONU. «Nos opérations de logistique et de réapprovisionnement continuent de souffrir de restrictions à notre liberté de mouvement à l'Est de la berme, bien connues de ce Conseil», a-t-il souligné. Pour étayer ses propos, il a rappelé, avec une certaine satisfaction, «qu'à la suite d'une stratégie d'engagement déterminée qui comprenait le soutien persistant et fort des membres de ce Conseil et du Secrétariat (général de l'ONU), le Front Polisario a écrit au Secrétaire général le 29 mars et a accepté de fournir un passage sûr à titre de «mesure extraordinaire et provisoire» pour un convoi de ravitaillement vers nos Team-Sites», à l'Ouest du Mur des Sables. La pression internationale sur le Polisario s'est révélée payante Pour mémoire, fin mars 2023, les milices du Polisario avaient empêché un convoi de véhicules de la MINURSO d'accéder à ses Team-Site, situés à l'Est du Mur des Sables érigé par les Forces armées royales (FAR). Sous pression internationale, le Front avait fini par rétropédaler dans une lettre officielle adressée à Antonio Guterres. Le Portugais a d'ailleurs réservé les paragraphes 15 et 16 de son rapport à cet incident. Depuis, le Polisario n'a pas révisé sa position. «La mesure provisoire» s'est installée dans la durée. La MINURSO a mené «cinq sorties de ravitaillement supplémentaires. La septième sera déployée demain (mardi 17 octobre, ndlr)», s'est félicité avec prudence Alexander Ivanko. Et pour cause «ces évolutions positives» ne garantissent pas «la stabilité logistique dont nous avons besoin pour planifier et opérer à l'avenir», a déploré le chef de la MINURSO. «Des convois terrestres sont nécessaires pour livrer du carburant diesel pour les générateurs des bases d'opérations à l'est de la berme, des pièces de rechange, des articles de survie. Chaque convoi nécessite une coordination minutieuse avec les deux parties». Sur le terrain, le Russe Ivanko a précisé que «des hostilités de faible intensité continuent de se dérouler le long de la berme, principalement autour de la zone de Mahbès, dans la partie nord-est du territoire. En moyenne, entre un et deux tirs sont signalés quotidiennement par les deux parties. Ces chiffres avaient diminué au cours de l'été, mais ont de nouveau augmenté en septembre, avec plus de soixante incidents signalés par les deux parties. La MINURSO continue de suivre ces évolutions». Le chef de la MINURSO a affirmé que «depuis novembre 2022, à la demande des Forces armées royales (FAR) et sous son escorte, la MINURSO visite régulièrement les sites situés au niveau ou à proximité de la berme où auraient eu lieu des tirs d'artillerie et de mortier du Front Polisario. Cependant, en raison de la distance et de la nécessité de coordonner nos déplacements avec l'Armée royale marocaine, nos visites se produisent quelques jours après les incidents présumés, limitant ainsi la portée de nos constatations». Alexander Ivanko a révélé que les «activités d'observation» de la MINURSO à l'Est de la berme restent confinées à des couloirs précis de 20 kilomètres et aucune reconnaissance héliportée n'est autorisée» par le Polisario. Les propos du chef de la MINURSO viennent démentir les nombreux communiqués du Polisario annonçant des tirs répétés et meurtriers visant les positions des FAR.