Dans son nouveau rapport sur la situation au Sahara, le secrétaire général des Nations unies a tenu à prendre ses distances avec la version du Polisario sur l'existence d'une «guerre» dans la région. Antonio Guterres a également reconnu l'impact des relations tendues entre le Maroc et l'Algérie sur le cours du conflit. Le secrétaire général des Nations unies a remis au Conseil de sécurité son nouveau rapport sur la situation au Sahara occidental. Le document, d'une vingtaine de pages, consulté par Yabiladi, note la «persistance d'une faible hostilité entre le Maroc et le Front Polisario». Un contexte qui représente «de séreux défis pour les opérations de la MINURSO, particulièrement dans sa logistique et ses efforts de réapprovisionnement», a-t-il souligné. Pour rappel, fin mars 2023, les milices du Polisario avaient empêcher un convoi de véhicules de la MINURSO d'accéder à ses Team-Site, situés à l'Est du Mur des Sables érigé par les Forces armées royales (FAR). Sous pression internationale, le Front avait fini par rétropédaler dans une lettre officielle adressée à Antonio Guterres. Le Portugais a d'ailleurs réservé les paragraphes 15 et 16 à cet incident de son rapport. En outre, le secrétaire général de l'ONU note que la mission onusienne continue de recevoir des «informations du Polisario et de médias» sur des frappes de drones des FAR à l'Est du Mur des Sables, survenues en novembre 2022 et janvier et septembre 2023. Le poids de la rupture des relations entre Rabat et Alger Guterres admet que le MINURSO «n'est pas en mesure de prouver de manière indépendante les échanges de tirs dans le Nord du territoire, près de Mahbès». Le document souligne l'apport des FAR dans l' «escorte» de missions d'inspections des casques bleus dans des zones à l'Ouest du Mur des Sables. Toutefois, le Portugais déplore que ces visites ne se produisent «que quelques jours» après que la MINURSO ait reçu des informations sur la commission d'actes d'hostilité. Dans son rapport, Antonio Guterres a reconnu que la rupture des relations entre le Maroc et l'Algérie «continue d'impacter la situation au Sahara occidental», citant pour preuve l'interview accordée, en décembre 2022, par le président Abdelmadjid Tebboune au quotidien français Le Figaro. «Il serait bon que l'ONU ne condamne pas uniquement les annexions qui ont lieu en Europe. Qu'en est-il de l'annexion du Golan par Israël ou du Sahara Occidental par le Maroc ?», s'était-il interrogé. Tebboune n'avait pas hésité à pointer la «responsabilité» du royaume : «C'est le régime marocain qui cause des problèmes.» Dans son rapport, le secrétaire général de l'ONU a mentionné les «consultations informelles» menées, fin mars dernier, par son envoyé personnel au Sahara occidental avec «toutes les parties concernées» par le différend régional. Guterres a relevé que les représentants du Maroc, de l'Algérie et du Polisario ont réaffirmé à Staffan de Mistura leurs positions traditionnelles. Des positions réitérées à De Mistura lors de sa tournée, en septembre, au Maroc et en Algérie et à l'occasion de sa rencontre, à New York, avec le chef du Polisario, Brahim Ghali. Le rapport d'Antonio Guterres fera l'objet d'un débat au Conseil de sécurité, dans les prochains jours.