Après avoir relevé plusieurs défis auparavant, Hamadi Wolf, un jeune coureur qui partage ses aventures sur les réseaux sociaux à parcouru 920 kilomètres en courant, de Tanger à Agadir. Du 23 juillet au 7 août 2024, Hamadi a passé une aventure aussi éprouvante qu'inspirante. Le Franco-marocain de 30 ans, doté d'un diplôme d'ingénieur a expliqué à Yabiladi les détails de ce défi individuel, révélant les difficultés, les bons moments et surtout l'hospitalité des Marocains rencontrés sur la route. Comment l'idée vous est-elle venue ? Et pourquoi avoir choisi Agadir comme destination finale? C'est simple, je suis Franco-marocain. Il y a deux ans j'ai fait Paris-Tétouan, reliant ainsi les «deux chez moi» à vélo. L'année dernière j'ai traversé la France, de Paris à Marseille à pied avec une assistance. L'idée c'était de «traverser le pays», donc de Tanger jusqu'à Agadir. Alors pourquoi Agadir, c'est une grande étape avant la partie désertique du Royaume, et aller plus loin tout seul c'était un défi assez compliqué à relever. Concernant l'alimentation et l'hydratation justement, comment vous vous êtes organisé en pleine saison estivale ? Les deux premiers jours, il faisait un temps caniculaire et c'était extrêmement compliqué, mais je n'ai jamais manqué d'eau. Il y avait des puits, des fontaines, il y avait des gens qui me donnaient de l'eau, il y avait des hanouts (épiceries). Il y avait aussi les camionnettes qui vendaient du café et des petites bouteilles d'eau fraîche ; ils m'ont sauvé de la déshydratation plusieurs fois. Il y a eu des zones difficiles comme près de Moulay Bouselham et Kenitra, ou au sud après Safi et Essaouira. Mais j'ai pu compter sur l'hospitalité et la générosite des gens tout au long de la route. Comment organisiez-vous vos nuits pour vous reposer ? Il faut savoir que je n'organise pas du tout mes challenges à l'avance surtout en terme de nuitées. Au début du challenge j'avais une tente mais je l'utilisais qu'en cas de nécessité. Sinon, j'essaye de voir des hébergements, des Airbnb et/ou hôtels, mais il fallait réserver à l'avance. Entre Moulay Bousselham et Kenitra, j'avais beaucoup de kilomètres à parcourir et donc c'était beaucoup pour le challenge, vu qu'il y avait encore du chemin jusqu'à Agadir. Je devais passer une nuit entre les deux villes et je me suis dit «si cette nuit-là je ne dors pas dehors, je me débarrasserai de ma tente vu qu'elle pèse lourd». J'ai eu beaucoup de chance parce-que je me suis retrouvé dans un petit village ou je me suis fait héberger spontanément par une personne qui m'a vu en train de manger un sandwich, c'était très touchant. Je me suis aussi fait loger par des personnes qui me suivent sur Instagram, notamment à Oualidia. Est-ce que la distance que vous parcouriez par jour était aléatoire ou est-ce que vous mettiez un objectif de kilomètres déterminés ? Le nombre de kilomètres parcourus dépendait d'où je passerais la nuit. J'essayais de faire 60 kilomètres par jour, mais des fois c'était assez compliqué donc je ne faisais que 42. Par contre, il y avait des journées ou je parcourais 67 kilomètres pour pouvoir atteindre un point de chute pour la nuit. La plus grande distance que j'ai parcouru en une journée était de 75 kilomètres. Pouvez-vous nous dire plus sur vos précédents défis tel que le marathon de Paris en plein mois du Ramadan? Le marathon de Paris n'est pas la seule épreuve que j'ai fait pendant le Ramadan. J'ai fait aussi 24 heures de course à pied pendant le Ramadan. C'était très spécial, ça prouve que le corps humain a une très grande capacité d'adaptation et ce n'est pas parce-que c'est le Ramadan qu'il faut s'arrêter de faire du sport. Je pense que c'est à ce moment-là qu'il faut le plus bouger pour que le corps s'habitue à faire des efforts en état de stress. Pour le marathon c'est vrai que ce n'était simple car je ne pouvais pas boire de l'eau, mais une fois le départ lancé il n'y a qu'un seul objectif : l'arrivée. Je n'étais pas le seul à faire le marathon en jeûnant, et ça c'était magnifique. Quels sont vos futurs défis ? Ça c'est une question qu'on me pose souvent sur Instagram. Je ne prépare jamais mes défis à l'avance. Je ne me lance pas dans mes challenges sur un coup de tête non plus mais presque (rire). Je sais qu'il y a des gens qui préparent leurs challenges deux ou trois ans avant, mais pas moi. Avez-vous un conseil à donner aux jeunes passionnés qui aimeraient se lancer dans un défi pareil ? Il faut savoir qu'avoir peur est tout à fait normal et que ça fait partie du processus quand on se lance un défi. Le corps humain et l'esprit vont se battre pour éviter de se mettre dans des difficultés mais il faut se lancer. Si on ne le fait pas on ne saura jamais de quoi notre corps et notre esprit sont capables.