Pour montrer sa solidarité avec les populations touchées par la pénurie d'eau, l'aventurier Hicham Ait Almouh s'est lancé sur les routes une nouvelle fois, pour un voyage "éco-responsable" de 1300 kilomètres. Détails. - Vous entreprenez, depuis le 12 octobre, un voyage entre Casablanca et Oued Draâ, long de plus de 500 km. Le but escompté est de sensibiliser les gens à la rareté de l'eau. Comment s'est déroulée la préparation du voyage ? - Si tout va bien, la distance finale dépassera 1300 kilomètres, puisque, une fois arrivé à Ouarzazate, je compte courir le long de l'Oued Draâ jusqu'à son embouchure près de Tan-Tan. Le but n'est pas, seulement, de sensibiliser les gens à la question de la rareté de l'eau mais aussi les autorités, et de faire le constat sur le terrain de l'impact et de l'utilisation de l'eau, surtout en agriculture. La préparation a commencé en décembre 2021, en soignant une blessure récalcitrante dans le dos, séquelle des efforts de marche, puis j'ai enchaîné par des séances de kinésithérapie et de renforcement musculaire. À partir d'avril, j'ai commencé les entraînements de course à pied. - Pourquoi avez-vous choisi le voyage à pied cette fois et non pas en vélo ? - C'est la deuxième fois que je choisis la course à pied. En août 2019, j'ai couru 906 kilomètres en 22 jours, de Casablanca jusqu'à Ksar Ich, avec une poussette sportive aussi. J'ai choisi ce mode de voyage, car j'affectionne particulièrement la course à pied et j'ai voulu relever encore une fois ce défi. - Quelles sont les grandes étapes de ce voyage ? - Les grandes étapes de ce voyage sont la traversée de Doukkala par des routes secondaires, la traversée des cols du Haut-Atlas à partir de Demnate jusqu'à Ouarzazate, hauts de plus de 2000m d'altitude et, bien évidemment, Oued Draâ, long de plus de 1000 kms. Il y a une étape entre M'hamid El-Ghizlane et Foum Zguid où je compte me faire aider par des chameliers, car il s'agit de zones de dunes. - Pourquoi avez-vous choisi de parcourir ce trajet spécifiquement ? - Parce qu'il passe par deux des grands cours d'eau du Maroc, Oued Oum Er-Rabiâ et Oued Draâ. - Après plus de 10 jours sur terrain, comment vous sentez-vous sous cette chaleur ? - Il est très difficile de courir sous la chaleur, mais je me couvre le visage avec un chèche et je ne cours pas au milieu de la journée, quand il fait trop chaud. - Comment organisez-vous vos journées ? - Je me réveille très tôt et je prends la route entre 07h00 et 08h00 heures. Je cours quatre heures le matin, puis je trouve un endroit où me laver, manger et me reposer. L'après-midi, je prends le départ après 16h00 et je m'arrête avant le coucher de soleil pour trouver un endroit où dormir. - Une anecdote à nous raconter ? - Ma tente a été balayée par une tempête il y a quelques jours et toutes mes affaires ont été trempées, y compris moi-même. Ce fut effrayant au milieu de nulle part, la nuit. - Ecotourisme et sécheresse, que pensez-vous de ce duo ? - Je ne sais pas si on peut appeler ça de l'écotourisme, ça rentre dans une sorte de voyage sportif, sauf que là c'est un voyage en utilisant la course à pied. Ce voyage est responsable parce qu'il utilise comme locomotive le corps humain. L'effort physique est le moteur. Il est également solidaire, car mon intention est d'être solidaire, dans cette thématique qu'est la rareté de l'eau, avec mon pays, les gens auxquels la ressource en eau manque actuellement. Pour la responsabilité, ce sont des termes qu'on répète beaucoup. On utilise l'eau de manière assez économe, que ce soit pour les agriculteurs ou pour les individus, qu'on l'utilise d'une manière qui permet de préserver cette ressource vitale. Pour répondre à votre question, je préfère le duo écotourisme et responsabilité ou solidarité. - Un message de fin ? - Les autorités doivent exercer plus de contrôle sur l'utilisation de l'eau en pompage solaire et dans les cultures qui consomment beaucoup d'eau. Comme vous le savez, entre 70 et 80% de nos réserves en eau sont dépensées en agriculture. Recueillis par Safaa KSAANI Portrait Une vie de voyage !
Dans son carnet de voyages intitulé «Le marchand d'épices», le passionné de voyages sportifs, Hicham Ait Almouh, raconte les péripéties du voyage qu'il a parcouru à pied, de Casablanca à Ksar Ich, sur une distance de plus de 900 kilomètres. La mère de Hicham Ait Almouh lui a inspiré cette appellation. «Au retour du voyage, ma mère a appris que j'avais voyagé à pied cette fois-ci et non à vélo comme les fois précédentes. Elle m'a donc dit que je ressemblais aux marchands d'épices d'antan, les "Âttars", qui faisaient le tour des villages accompagnés d'une ânesse chargée», explique-t-il. L'idée était de gagner Ksar Ich, une petite localité composée de trente-cinq familles, située à deux doigts de la frontière algéro-marocaine, sans lui donner un caractère lucratif. Muni d'une poussette sportive offerte et de vivres frugaux pour se ravitailler, il a passé le quart de sa course en compagnie de son ami Hakim, jusqu'à l'arrivée à Ksar Ich. Pour l'auteur, cette expérience fut l'occasion de mettre le doigt sur des sujets importants, tels que le non-respect du code de la route, la coupe à blanc du cèdre de l'Atlas, l'abandon des bâtisses historiques des régions éloignées, la vie nomade, etc. Cependant, si cette aventure qui a fait tant rêver l'auteur a été une conviction salvatrice à un moment précis de sa vie, il n'en reste pas moins qu'elle a aussi été une source de doléance tant sur le plan climatique que humain. Car, de toute évidence, la chaleur augmente progressivement qu'on avance vers l'Oriental en été, et la course devient de plus en plus rude sur Essafi, un type de sable omniprésent dans la région. Notons que « Le marchand d'épices » est le troisième carnet de voyage qu'il écrit et le premier qu'il publie. «L'écriture d'un livre diffère évidemment de l'écriture journalistique que j'ai l'habitude d'exercer dans mon métier de journaliste. Mais, il faut dire que raconter les péripéties de ce voyage m'a apporté beaucoup de plaisir», précise Hicham.