Le Climate Action Tracker a récemment publié une étude, qui se penche sur les politiques des Etats concernant la transition énergétique et le passage aux énergies vertes. Tout en pointant quelques déphasages, le groupe de recherche a souligné que ce processus ne saurait aboutir sans le soutien international. Groupe de recherche pour le suivi des actions de plusieurs Etats en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre au regard des accords internationaux, le Climate Action Tracker (CAT) a récemment publié une étude s'intéressant à plusieurs pays. Pour le cas du Maroc, il a noté que le recours à l'énergie au charbon reste courant, mais que le royaume dispose d'un très grand potentiel en matière d'énergies renouvelables. Afin de réussir la transition de l'une à l'autre, le soutien international reste cependant nécessaire. «Alors que le coût des énergies renouvelables et du stockage par batterie continue de baisser, l'Afrique du Sud ferait mieux d'abandonner complètement le gaz fossile», tandis que «le Brésil et le Maroc ont une faible part de gaz fossile et pourraient éliminer progressivement cette source rapidement», indique l'analyse. Celle-ci ajoute qu'au Maroc le mix énergétique pour l'électricité est en effet encore dominé par le charbon, qui serait «dans la mauvaise direction» concernant l'élimination progressive des combustibles fossiles, dont les capacités augmentent. D'autres pays dont le mix est dominé par le gaz, comme les Emirats arabes unis, progressent pour leur part plus lentement dans les trajectoires évaluées par le GIEC, selon la même source. Le Maroc, quant à lui dispose bien d'un potentiel important, mais devrait être soutenu dans ses efforts d'élimination progressive des énergies fossiles. En effet, de nouvelles capacités de production de charbon s'ajoutent à celles déjà présentent, tandis que la durée de vie des installations existantes est prolongée jusqu'aux années 2040. «Pour être compatible avec une température de 1,5°C» comme seuil d'augmentation à ne pas dépasser, le Maroc gagnerait donc à «réduire la production d'électricité au charbon à environ un dixième en 2030, et éliminer complètement l'énergie alimentée au charbon d'ici 2040, avec le soutien de la communauté internationale», estime l'analyse. Aucun pays ne se tiendrait au seuil du réchauffement climatique Le document indique, par ailleurs, que le gaz fossile fournit environ un dixième de l'électricité du Maroc. Au niveau de l'élimination progressive de la majeure partie de sa production de gaz fossile d'ici 2030 et entièrement d'ici 2035, «les projets du gouvernement vont dans la mauvaise direction», ajoute-t-on. Dans ce sens, l'étude rappelle que le Maroc envisage de produire 450 MW supplémentaires de gaz fossile d'ici 2030, sachant que le pays développe également son infrastructure de gaz naturel liquéfié (GNL) pour diversifier et sécuriser son approvisionnement. Dans un autre registre, l'étude montre qu'environ un cinquième de l'électricité du Maroc provient aujourd'hui d'énergies renouvelables, un seuil qui devrait passer à environ 90 % d'ici 2030. A ce titre, «le gouvernement soutient le développement des énergies renouvelables et a fixé des objectifs de capacité pour 2030 et 2050, même s'il n'a pas été en mesure d'atteindre la capacité fixée pour 2020». Ainsi, selon les auteurs, il serait «peu probable que les objectifs de capacité atteignent les niveaux de production requis pour une compatibilité avec un seuil de température de 1,5°C», souligne-t-on. Cette même étude s'intéresse aussi à la situation de l'Australie, du Brésil, du Chili, de la Chine, de l'Union européenne, de l'Allemagne, de l'Inde, de l'Indonésie, du Japon, du Mexique, de la Turquie, de l'Afrique du Sud, les Emirats arabes unis, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Il en ressort qu'«aucun pays n'est en passe de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C». Ce rapport insiste, par ailleurs, sur la décarbonisation du secteur énergétique comme étape charnière de la réduction des émissions de gaz à effet de serre par le secteur énergétique. A ce propos, il souligne que les pays développés doivent aussi éliminer progressivement le recours au charbon d'ici 2030, en plus du gaz d'ici 2035.