Au classement du rapport sur l'écart entre les genres, publié chaque année par le Forum économique mondial, le Maroc a occupé la 136e place parmi 146 pays. Il fait ainsi partie des dix derniers pays à avoir le plus de retard à rattraper, particulièrement du fait de l'écart entre les dispositions égalitaires de son arsenal juridique et leur mise en œuvre effective et transversale. Sur 146 pays étudiés par le Forum économique mondial dans son rapport annuel relatif à l'écart entre les genres (Global Gender Gap Report), le Maroc est classé 136e pour 2023, comme cela a été le cas l'année dernière. Dans le classement par sous-indices, la meilleure place occupée par le royaume est la 90e, concernant l'autonomisation politique. Dans l'éducation et le niveau d'instruction, le pays est 115e, tandis qu'il est 141e en termes de participation économique et 130e en santé et survie. Ces chiffres sont analysés à la lumière d'un constat plus global, selon lequel «au rythme actuel des progrès, la pleine parité régionale sera atteinte dans 152 ans». En effet, le rapport indique que comparé aux autres régions, celle du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) reste «la plus éloignée de la parité, avec un score de 62,6%, affichant une baisse de 0,9 point depuis la dernière édition, sur la base de l'échantillon constant des pays couverts depuis 2006». Le Maroc n'est pas en reste de la région MENA Dans la région, les Emirats arabes unis, Israël et Bahreïn «ont atteint la parité la plus élevée de la région», tandis que le Maroc, Oman et l'Algérie se classent en effet au dernier rang. Dans le même sens, les trois pays les plus peuplés de la région, à savoir l'Egypte, l'Algérie et le Maroc, «enregistrent une baisse de leurs scores de parité depuis la dernière édition». La région MENA affiche par ailleurs une parité à 95,9% dans le sous-indice du niveau d'instruction, Israël étant le seul à avoir une parité totale. Le Koweït, Bahreïn et la Jordanie se rapprochent, avec plus de 99% de parité hommes-femmes. Les pays relativement plus peuplés tels que le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte ont la parité la plus faible sur ce sous-indice, ainsi qu'en matière de taux d'alphabétisation. Maroc : Identifier et dépasser les entraves à l'inclusion des femmes Seuls quatre pays (Israël, Bahreïn, Qatar et Jordanie) ont plus de 99% à ce niveau. Sept atteignent la parité dans l'enseignement secondaire et 10 dans l'enseignement supérieur. En matière de santé et de survie, cinq pays affichent par ailleurs une espérance de vie en bonne santé des femmes inférieure à celle des hommes. La région MENA a également la deuxième parité régionale la plus faible en matière d'autonomisation politique, à hauteur de 14% seulement. Ce sous-indice a régressé de 1% depuis 2022 et la parité a diminué dans sept des 13 pays, notamment en Egypte, en Algérie et en Tunisie. Elle a par ailleurs augmenté dans six autres, avec Bahreïn, le Qatar et le Koweït en tête. Bahreïn, le Koweït et le Liban ont connu des augmentations significatives de la part des postes parlementaires occupés par des femmes, tandis qu'Israël et la Tunisie ont connu une baisse. En termes de postes ministériels, seuls la Tunisie, Bahreïn et le Maroc ont plus de 20% de femmes. L'Arabie saoudite et le Liban continuent d'avoir un gouvernement entièrement masculin. L'emploi des femmes, un défi majeur à travers le monde Concernant les classements globaux au niveau d'Afrique du Nord, le Maroc est deuxième après la Tunisie, 128e au monde, suivie de l'Algérie 144e mondial et donc parmi les trois pays à boucler le peloton. Au niveau arabe, le Maroc est onzième, derrière les Emirats arabes unis (71e), Bahreïn (113e), les îles Comores (114e), le Koweït (120e), la Jordanie (126e), la Tunisie (128e), l'Arabie saoudite (131e), le Liban (132e), Qatar (133e) et l'Egypte (134e). Au niveau continental en Afrique, le Maroc est par ailleurs classé 28e. Au Maroc, les femmes sont de plus en plus instruites et au chômage Les auteurs du rapport soulignent que globalement, c'est l'état de la parité hommes-femmes sur le marché du travail qui reste le plus grand défi. «Non seulement la participation des femmes au marché du travail a diminué ces dernières années, mais d'autres marqueurs d'opportunités économiques ont montré des disparités substantielles entre les femmes et les hommes», souligne-t-on. «Alors que les femmes ont (ré)intégré la population active à des taux plus élevés que les hommes dans le monde, ce qui a entraîné une légère reprise de la parité entre les sexes dans le taux de participation à la population active depuis l'édition 2022, les écarts restent importants et se manifestent dans plusieurs dimensions spécifiques», ajoute la même source. Le score de parité mondial est revenu aux niveaux d'avant la pandémie, mais le taux global de changement a «considérablement ralenti». «Revenir même à l'horizon de 100 ans projeté dans l'édition 2020 nécessiterait une accélération significative des progrès», insiste encore le Forum économique mondial. Selon l'indice mondial de 2023, «aucun pays n'a encore atteint la parité totale entre les sexes, bien que les neuf premiers pays (Islande, Norvège, Finlande, Nouvelle-Zélande, Suède, Allemagne, Nicaragua, Namibie et Lituanie) aient couvert au moins 80%». Pour la quatorzième année consécutive, l'Islande (91,2%) occupe la première place. Elle continue également d'être le seul pays à avoir comblé plus de 90%.