Les autorités algériennes ont libéré, mercredi 21 et jeudi 22 novembre, deux groupes de jeunes Marocains détenus dans leurs prisons via le poste-frontière situé à proximité d'Oujda. Cette opération intervient après une interruption de deux mois des rapatriements, conséquence de blocages administratifs et techniques algériens. Selon un communiqué de l'Association marocaine d'aide aux migrants en situation difficile, basée à Oujda, le premier groupe comprenait seize jeunes, tandis que le second en comptait 27. Parmi eux figurent des candidats à l'émigration irrégulière ainsi que des ouvriers du secteur de la construction, notamment des artisans spécialisés dans la menuiserie, la maçonnerie et des métiers périphériques. Certains des Marocains libérés auraient dépassé la durée légale de leur détention, plusieurs ayant purgé des peines de plus de trois ans et demi, suivies d'une année de détention administrative, sans régularisation ni jugement complémentaire. Les prisons concernées sont situées dans les régions centrales et occidentales de l'Algérie, notamment à Saïda, Tiaret et Relizane, des zones reconnues pour leurs infrastructures carcérales vétustes. Origines des détenus libérés Les personnes libérées sont originaires de plusieurs régions du Maroc, reflétant la diversité des flux migratoires. Parmi les villes mentionnées figurent Fès, Meknès, Oujda, Taza, Taounate, Salé, Demnate, Larache, Nador et Fnideq. Des migrants provenant de localités plus modestes comme Mohammedia, El Kalaâ et Touissit ont également été identifiés. La cartographie de ces origines confirme que la pression migratoire s'étend des centres urbains aux zones rurales en quête d'opportunités. Un processus de rapatriement bloqué L'association a souligné les nombreux défis entravant le rapatriement des Marocains détenus en Algérie. À ce jour, plus de 430 dossiers judiciaires restent en attente d'examen, auxquels s'ajoutent des centaines de cas de détenus sans statut juridique clair. L'absence d'accords bilatéraux opérationnels et les complications liées à la coordination entre l'administration consulaire et pénitentiaire aggravent ces délais. De plus, six corps de migrants marocains, incluant deux jeunes femmes originaires de l'est du Maroc, sont toujours retenus dans des morgues algériennes faute de procédures adaptées pour leur transfert. Cette situation illustre les limites des infrastructures médico-légales algériennes dans le traitement des cas transfrontaliers. En réponse à cette crise, l'association suggère l'usage de solutions technologiques, telles que des bases de données biométriques partagées, pour accélérer l'identification des détenus et harmoniser les processus de transfert. Elle plaide également pour l'élaboration de normes communes dans les infrastructures de détention et les systèmes judiciaires, afin de réduire les disparités entre les deux pays.