Mise en sommeil pendant plus d'un an en raison d'un incident d'envergure, la centrale solaire thermoélectrique Noor III, d'une puissance nominale de 150 mégawatts, a été remise en service, a annoncé lundi 21 avril l'Agence marocaine pour l'énergie durable (Masen), maître d'œuvre du programme énergétique national. En février 2024, une fuite localisée dans le réservoir de sel fondu à haute température — élément névralgique du dispositif de stockage thermique — avait contraint à l'arrêt immédiat de l'installation, inaugurée en 2018 et conçue autour d'une tour centrale alimentée par un champ de plus de 7 000 héliostats. Selon Masen, la remise en état de cette infrastructure stratégique a exigé des interventions de pointe, mobilisant un savoir-faire de haute précision et des protocoles de sécurité rigoureux. «Chaque phase de réactivation a été soumise à des vérifications renforcées, dans le respect absolu des exigences techniques, environnementales et humaines», précise l'organisme dans un communiqué transmis à Barlamane.com. Parallèlement aux réparations, la construction d'un nouveau réservoir est en cours, dans une démarche de pérennisation de l'ouvrage et de maîtrise accrue des flux thermiques. Noor III, développé par le groupe espagnol SENER et opéré par la société saoudienne Acwa Power, repose sur une technologie de concentration solaire permettant de capter la lumière diurne pour la convertir, via des sels fondus portés à 565 °C, en énergie électrique stockable — et ce, bien au-delà du coucher du soleil. En mars 2024, Acwa Power avait chiffré les pertes induites par cette panne à 45 millions de dollars américains (environ 39 millions d'euros), tout en estimant une reprise des opérations pour novembre de la même année — échéance qui fut dépassée de plusieurs mois en raison de la complexité des travaux. Le Maroc, engagé dans une recomposition profonde de son paysage énergétique, entend porter à plus de 52 % la part des énergies renouvelables dans son mix national d'ici à 2030. À l'heure actuelle, celles-ci représentent déjà près de 42 % de la capacité installée, conférant au pays une place singulière sur la scène énergétique régionale.