Mandats d'arrêt de la CPI : Nabil El Bousaadi S'il est particulièrement navrant que la Cour Pénale Internationale (CPI) ait attendu que la guerre d'extermination menée à Gaza, depuis plus d'un an, par l'armée d'occupation israélienne contre la population civile palestinienne, fasse près de 45.000 morts (dont 40% sont des hommes, 20% des femmes, 32% des enfants et 8% des vieillards des deux sexes), près de 105.000 blessés, parmi lesquels plus de 11.000 sont des enfants, 10.000 disparus et, au moins, 1,9 millions de déplacés internes, avant d'émettre des mandats d'arrêts contre le Premier ministre de l'entité sioniste, Benyamin Netanyahou, qui a initié ce génocide, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, ce qui est encore plus choquant, c'est que la classe politique israélienne, dans son ensemble, ait fait front commun contre l'émission desdits mandats, comme si, à leurs yeux, tous ces morts, tous ces blessés et tous ces déplacés n'ont pas figure humaine. Ainsi, en emboitant le pas au Premier ministre israélien, pour lequel la décision prise par la CPI est « honteuse », « absurde » et, bien entendu, « antisémite » – un terme passe-partout visant à justifier tous les excès – le leader du Parti de l'Unité nationale, le général Benny Gantz, ancien chef de l'Etat-Major de Tsahal de 2011 à 2015, qui avait rejoint le cabinet de guerre israélien dès sa mise en place après les attaques du 7 Octobre 2023 avant d'en démissionner huit mois plus tard et qui rêve toujours de remplacer Benyamin Netanyahou à la tête de l'exécutif israélien, a estimé que la décision de la CPI relève d'un « aveuglement moral » et constitue une « tâche honteuse de dimension historique qui ne sera jamais oubliée ». A l'étranger, les premiers – mais pratiquement les seuls – à avoir dégainé face aux juges de la CPI et volé au secours du Premier ministre israélien ont été, bien entendu, le président américain Joe Biden mais aussi le Premier ministre hongrois Viktor Orban ; le premier, en dénonçant une « décision scandaleuse » alors même qu'il avait chaleureusement applaudi lorsque, pour un « score macabre » bien en-deçà de celui détenu par Netanyahou en matière de crime contre l'Humanité, un tel mandat avait visé l'ancien président soudanais Omar el-Béchir lors de la guerre du Darfour et que le président russe Vladimir Poutine avait été logé à la même enseigne lorsqu'il avait lancé son offensive contre l'Ukraine et, le second, en saisissant cette opportunité, pour défier les détracteurs du dirigeant israélien mis en accusation par la CPI en l'invitant en Hongrie et en étant prêt à lui dérouler le tapis rouge. Mais cette « erreur » les a isolés sur la scène internationale dès lors que la Belgique, le Canada, la Colombie, l'Italie et le Royaume-Uni ont immédiatement déclaré qu'en leur qualité de signataires du Statut de Rome, qui les oblige à collaborer avec la Justice Internationale, ils sont entièrement disposés à arrêter le Premier ministre israélien pour le livrer à la Cour Pénale Internationale s'il s'avisait à venir chez eux et que le chef de la politique étrangère de l'UE a saisi cette occasion pour rappeler que les 27 sont tenus d'appliquer les décisions de la CPI. Disons pour terminer que si l'Iran a estimé que la décision prise par la CPI signe « la mort politique du régime sioniste » et que la Chine a appelé ladite Cour à avoir une « position objective et juste », le Hamas a salué une « étape importante vers la justice » en dépit du fait que la CPI ait, également, lancé un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, un des chefs de la branche armée du mouvement de la résistance palestinienne et l'un des principaux artisans de l'attaque du 7 Octobre, dont Israël avait annoncé la mort l'été dernier, alors qu'elle n'a toujours pas été confirmée par le Hamas, et attendons pour voir...