L'ancienne procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI), de 2012 à 2021, Fatou Bensouda, a été victime de tentatives honteuses de pressions de la part du Mossad israélien, alors qu'elle menait une enquête pour crimes de guerre commis en Palestine, affirme le quotidien britannique The Guardian. C'est notamment par le biais de son mari, l'homme d'affaire maroco-gambien, Philip Bensouda, que le Mossad a tenté de faire pression sur la procureure, a rapporté la publication. En se basant sur les déclarations de plusieurs personnes proches du dossier, The Guardian a révélé que le chef du Mossad, Yossi Cohen, un proche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, a essayé de la recruter avant de passer aux menaces, notamment visant sa famille. « Vous ne voulez pas vous engager dans des choses qui pourraient compromettre votre sécurité ou celle de votre famille », aurait-il dit à la procureure, indique la même source, soulignant que le Mossad aurait enquêté sur les membres de la famille de Fatou Bensouda, et avait retrouvé des enregistrements secrets de son mari, dont les parents sont originaires de la ville de Fès. Selon les sources israéliennes consultées par The Guardian, l'objectif du Mossad était soit de mettre la juge en danger, ou de la faire rallier au côté israélien. Le média rappelle que Yossi Cohen est «un recruteur efficace d'agents étrangers». Et c'est lui qui a «supervisé l'organisme qui, selon plusieurs sources, a commencé à coordonner un effort multi-agences contre la CPI une fois que Bensouda a ouvert l'enquête préliminaire», indique-t-on. Une autre source a expliqué que l'homme en question a utilisé des «tactiques méprisables» contre Fatou Bensouda, afin de l'intimider. Cette dernière ne s'est jamais prononcée publiquement au sujet de toutes ces tentatives et entraves à son travail, mais quatre sources ont déclaré au Guardian qu'elle avait informé des hauts responsables de la CPI des manœuvres et menaces la visant. Néanmoins le travail de Fatou Bensouda a permis à son successeur, Karim Khan, de poursuivre l'enquête, et dans le cadre des attaques du 7 octobre, dernier, Khan, a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, ainsi que des membres du Hamas, le leader politique, Ismaël Haniyeh, le chef de la branche armée, Mohammed Deif et celui qui a orchestré l'attaque, Yahya Sinwar. Karim Khan a averti être disposé à intenter des poursuites contre les auteurs de «tentatives d'obstruction, d'intimidation ou d'influence inappropriées» des responsables de la Cour Pénale Internationale.