Bien qu'elle ait progressé au classement de l'indice Atmosf'Air, la RAM ne fait toujours pas figure de modèle, ni régional, ni a fortiori global, en matière d'efficacité environnementale. En 2012, le transporteur national se classe 88ème compagnie la plus verte au monde… sur 125 possibles. Ce classement-sanction étonne les dirigeants de la compagnie qui n'hésitent pas à en contester la méthodologie. Peut beaucoup mieux faire ! Tel est le constat qui émerge du classement de la RAM au sein de l'index des compagnies les plus vertes au monde en 2012. La compagnie nationale, qui hérite de la 88ème place sur 125 possibles, y est sanctionnée d'un indice de 52,3 points en termes d'efficacité environnementale ; un chiffre qui la situe bien loin des 81,1 points réalisés par la compagnie la mieux positionnée au monde sur ce critère, à savoir Monarch Airlines. 4ème place au niveau régional Réalisé par Atmosf'Air, une ONG internationale de protection du climat basée en Allemagne et spécialisée dans le transport aérien, ce nouvel index n'est pas très flatteur pour le pavillon aérien chérifien. Au niveau régional, il révèle en effet que la RAM est loin de faire figure de modèle écologique puisque cette dernière n'arrive qu'à la quatrième position des compagnies régulières les moins polluantes du Maghreb derrière Tunisair (49ème), Egyptair (68ème) et Air Algérie (80ème), rapporte les Echos Quotidien, ce mercredi. Bien qu'il ne donne pas matière à sourire, cet index reconnait néanmoins les efforts entrepris par le transporteur marocain pour réduire ses émissions de gaz à effets de serre. En témoigne les «points d'efficience» cumulés par la compagnie qui ont augmenté entre 2011 et 2012, en passant respectivement de 49,5 points à 52,3 points. Méthodologie contestée Cela dit, ce satisfécit est bien le seul, au grand dam des dirigeants de la compagnie nationale. Considérés comme de mauvais élèves, ces derniers ne cachent pas leur étonnement face à ce classement-sanction. Pour eux, c'est la méthodologie employée qui ne va pas. Contacté par téléphone ce matin, le directeur de la communication externe de la compagnie, M. Hakim Chalott, ne manque en effet pas d'en contester la partialité. Selon lui, le calcul des «points d'efficience», qui définissent la place finale qu'occupent les compagnies aériennes dans l'index, favoriseraient de fait les compagnies low-cost dans la mesure où celui-ci se base – grosso modo – sur le ratio entre «quantité de gaz émis/volume de marchandises et nombre de passagers transportés». Or, le taux de remplissage des avions étant supérieur sur les compagnies low-cost à celui des compagnies régulières, ces premières seraient nécessairement avantagées dans le calcul puisque le dénominateur de leur ratio serait toujours plus élevé. «Vous n'avez qu'à voir les premières compagnies du classement : leur nom est totalement inconnu, ce qui prouve bien que ce sont des compagnies low-cost qui sont avantagées dans le calcul» argumente M. Chalott. Sauf qu'en se référant au rapport de l'ONG allemande, dont il remet par ailleurs en question la crédibilité, force est de constater que la méthodologie employée fait état d'un clair distinguo entre compagnies low-cost et compagnies régulières. «Les compagnies low-cost (…) ont été délibérément incluses dans un tableau distinct de l'index aérien. Elles doivent être considérées séparément car elles soulèvent des problèmes méthodologiques dans le calcul et la représentation du CO² total, ce qui rend la comparaison avec les autres compagnies (régulières) impossibles» stipule le rapport, noir sur blanc. L'argument de M. Chalott tombe donc à l'eau. Le poids de la taxe environnementale Ces arguments ne retirent néanmoins rien au fait que Royal Air Maroc est engagé, depuis plusieurs années déjà, dans un programme de lutte contre les gaz à effets de serre (GES). «La compagnie s'est engagée à réduire ses émissions de CO² en renouvelant sa flotte qui compte désormais des appareils âgés entre 6 et 7 ans. La plupart des appareils âgés ont été retirés de la circulation depuis 2010»» déclare, en ce sens, M. Chalott. Par la modernisation de sa flotte, le transporteur national poursuit-il ainsi un double-objectif, à savoir : réduire ses empreintes de carbones dans l'espace aérien en même temps que réduire les dépenses liées à leurs émissions. Depuis le 1er janvier 2012, la RAM doit en effet s'acquitter du paiement d'une taxe environnementale à hauteur de 15% de ses émissions de GES pour les vols qu'elle effectue dans l'espace aérien européen. Un «permis de polluer» qui, pour sa première année d'application, devrait lui coûter pas moins de 20 millions de dirhams, révèle les Echos. Avec des comptes tout juste sortis du rouge, pas étonnant donc que la RAM cherche si rapidement à se mettre au vert.