En juillet 2004, Atlas Blue opérait son premier vol. Cinq ans plus tard, la filiale low cost de RAM, créée à l'initiative du gouvernement de l'époque qui avait dû forcer la main aux responsables de la compagnie aérienne nationale pour accompagner la vision 2010, est un échec. Récit d'un gâchis. Atlas Blue n'aura tenu finalement que cinq ans. Le patron de Royal Air Maroc (RAM) ne s'en cache pas : la filiale low cost de la compagnie aérienne nationale qui a opéré son premier vol en juillet 2004 est un fiasco. « Il est impossible pour Atlas Blue de concurrencer des compagnies low cost géantes comme Ryanair ou Easyjet, qui possèdent des flottes de 300 avions et desservent le Maroc à partir du monde entier», a justifié Driss Benhima, PDG de RAM, invité à s'exprimer à la Chambre Française de Commerce et d'Industrie (CFCIM) sur «la réaction de RAM face à l'ouverture du ciel». Au bas mot, Atlas Blue sera voué à disparaître en tant que marque puisque ses avions vont progressivement passer aux standards d'une compagnie classique. Du coup, la grande réforme de cette année au sein de RAM sera la transformation d'Atlas Blue en compagnie non low cost. Comment en est-on arrivé là ? Tout a commencé au début des années 2000 avec la mise en place de la vision stratégique du tourisme. C'est dans ce cadre en effet que le gouvernement de l'époque a décidé de doter le Maroc d'un instrument national fort pour accélérer le développement du transport touristique. Principale mission : opérer des routes de/vers la province marocaine de/vers les marchés sources du tourisme avec une offre de service point à point à un niveau de compétitivité conforme aux meilleures pratiques internationales. Au départ pourtant, les responsables de RAM n'y croyaient pas trop. Le gouvernement de l'époque a dû leur forcer la main pour que le projet voie le jour. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Mohamed Berrada, à l'époque président de RAM, a trouvé la formule. «Atlas Blue est le terminator de Royal Air Maroc. Elle fera jeu égal avec les futures compagnies low cost qui pratiqueront des prix que la compagnie nationale ne pourra se permettre d'offrir», lançait-il. Capter au moins 30% de parts de marché Depuis, Atlas Blue s'est fixé comme objectif de capter au moins 30 % de parts de marché du transport aérien touristique Maroc, à l'horizon 2010, d'ouvrir chaque année 30 % des nouvelles fréquences ouvertes sur le Royaume. Mais de prime abord, l'Open sky, qui a ouvert la voie à la commercialisation des vols charters au départ du Maroc, va porter un sévère coup à ces ambitions. Le comble est que RAM va exclure sa filiale low cost de la plateforme de Casablanca. Atlas Blue établit son quartier général à Marrakech. Résultat des courses : la compagnie aérienne nationale s'est trouvée seule à faire face aux nombreuses compagnies low cost (Jet4you, Aigle Azur, Click Air…) qui ont fait de Casablanca leur terrain de jeu. Pour preuve, la compagnie low cost du groupe touristique TUI, Jet4you, transporte près de 80 % d'ethnique (MRE) et de clientèle affaire. Bousculée dans son antre, RAM est obligée, elle-même, de réaménager ses prix. Car les compagnies low cost désertent les destinations touristiques du Royaume pour se concentrer sur Casablanca. C'est le cas dernièrement de Ryanair et Transavia, qui a zappé certaines villes touristiques comme Ouarzazate. Or, RAM ne peut pas jouer dans la même cour (Casablanca) que sa filiale low cost. Aujourd'hui, ces deux compagnies ont presque fusionné, car RAM réalise tout pour le compte de sa filiale (commercialisation, maintenance, technique…). Pourquoi alors garder deux marques ? La réforme qui sera opérée reviendra à intégrer Atlas Blue dans Royal Air Maroc. Cette dernière redeviendra la compagnie classique qu'elle était il y a six ans avec des charters et un produit diversifié. «De toute manière, RAM fournissait tout à sa filiale hormis les pilotes étrangers », ironise cet expert marocain de l'aérien.