Le Maroc a récemment intensifié ses démarches diplomatiques à l'échelle transatlantique liées au dossier du Sahara. À travers une tournée s'étendant de Washington à Ljubljana, le ministre des affaires étrangères Nasser Bourita a porté la puissante voix de Rabat en faveur de la proposition d'autonomie, présentée depuis 2007 comme unique socle pour une sortie durable de ce différend territorial. Une offensive diplomatique soutenue et ciblée La tournée entamée le 8 avril a conduit Nasser Bourita dans huit capitales, dont Washington, Paris, Budapest, Tallinn, Chișinău, Zagreb, Madrid et Ljubljana. Chaque étape a donné lieu à des entretiens bilatéraux axés sur le Sahara avec pour objet de conforter les soutiens existants et d'en rattacher de nouveaux. À Washington, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a réaffirmé que «l'autonomie réelle sous souveraineté marocaine constitue la seule voie praticable vers un règlement durable», appelant les parties à «s'engager sans délai dans des pourparlers fondés exclusivement sur la proposition marocaine.» À Paris, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a salué «la clarté, la constance et la profondeur de la proposition d'autonomie marocaine, seule configuration susceptible de déboucher sur une issue équilibrée.» Il a indiqué que la France entendait «jouer pleinement son rôle au sein du consensus international en gestation autour de cette architecture politique.» Madrid, pilier européen du basculement diplomatique Jeudi, à Madrid, la diplomatie espagnole a conforté sa position en faveur de l'offre marocaine. À l'issue de son entretien avec José Manuel Albares, Nasser Bourita a salué une convergence de vues approfondie, illustrée par la déclaration du ministère espagnol des affaires étrangères, qualifiant la proposition d'autonomie de «plan le plus sérieux, réaliste et crédible.» L'Espagne, ancienne puissance administrative du territoire saharien, joue un rôle déterminant au sein du Groupe des amis du Sahara [occidental], actif dans les arcanes onusiennes. Son alignement sur la position marocaine confirme une évolution décisive dans l'orientation des Etats membres de l'Union européenne. Une lecture nouvelle de la scène internationale Pour Rabat, ces avancées ne sauraient être réduites à une conjoncture favorable. Ils traduisent une recomposition du champ diplomatique international autour de la question du Sahara. «Nous ne cherchons ni un confort diplomatique ni la perpétuation du statu quo, mais une dynamique de résolution authentique», a déclaré Nasser Bourita jeudi à Madrid, rappelant que «vingt-deux pays européens soutiennent désormais explicitement la proposition marocaine .» Ce basculement s'inscrit également dans la reconnaissance croissante, sur d'autres continents, du bien-fondé de la démarche marocaine, notamment en Afrique, au sein du Golfe, et en Amérique latine. Vers un tournant onusien ? Le contexte actuel coïncide avec l'évaluation par le Conseil de sécurité des Nations unies, lundi à New York, des dernières évolutions au Sahara. Le représentant personnel du scrétaire général, Staffan de Mistura, y a souligné que «les trois prochains mois pourraient ouvrir une fenêtre sérieuse pour dégager une feuille de route concrète.» Plusieurs observateurs ont estimé que «la tournée de Nasser Bourita reflète une volonté claire de hâter la sortie du blocage diplomatique, en exposant la cohérence de la proposition marocaine à des partenaires clés.» Il considère que «les bons offices conjoints de Washington et Paris pourrait accélérer l'adhésion des Nations unies à cette perspective.» Pour eux, «la reconnaissance renouvelée de la souveraineté marocaine par les Etats-Unis et l'appel à une reprise immédiate des négociations sur la base de l'autonomie reflètent une inflexion stratégique de grande portée.»