La réduction des émissions atmosphériques n'est plus un luxe pour les compagnies aériennes, pire depuis quelques mois, elle génère même des coûts supplémentaires depuis l'entrée en vigueur, le 1er janvier 2012, d'une taxe environnementale qui vient alourdir leurs charges financières. Royal Air Maroc, malgré ses contraintes financières, n'a pas négligé ce point et n'a pas hésité à investir pour réduire ses émissions de gaz et améliorer son classement mondial et régional en la matière. Des efforts reconnus par Atmosfair, une ONG internationale de protection du climat, basée en Allemagne et particulièrement spécialisée dans le transport aérien qui, dans son dernier classement confirme que RAM est sur un indice de 52,3 points en termes d'efficacité environnementale, contre 40,5 points dans l'édition 2011. L'ONG enfonce toutefois l'image du pavillon national en la plaçant bien derrière ses concurrents dans la région - si on peut les considérer comme tels - que sont Tunisair, Egyptair et Air Algérie. Le pavillon tunisien a en effet réussi à se glisser dans le top 50 des compagnies les plus efficaces en termes d'impacts environnementaux, et occupe du même coup la première place continentale. Egyptair serait, par ailleurs, la deuxième compagnie la plus propre de la région et du continent, selon Atmosfair, avec un classement à la 68e place du tableau mondial, pour un indice de 59,5 points. Le transporteur algérien ferme la marche aux deux premiers, étant propulsé à la 80e place mondiale, avec un cumul de 55,6 points en efficacité atmosphérique. Atmosfair classe ainsi la compagnie nationale à la 88e place sur un total de 125 autres compagnies régulières étudiées à travers le monde. Le classement établi est en fait une sorte d'échelle de notation graduelle, fixée à l'indice maximal de 100 et sur laquelle les transporteurs aériens sont placés en fonction de leur degré d'efficacité environnementale. Plus l'on se rapproche des 100 points, plus on est efficace en termes de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre (GEZ), en l'occurrence, de CO2 (voir encadré pour le détail de la méthodologie adoptée). L'organisme dresse ainsi son tableau final des compagnies les plus efficaces en se basant généralement sur des données chiffrées, issues des exploitations de l'année précédant celle de sa publication. «Décarboniser», un impératif Contactés à ce sujet, les responsables de la RAM se disent particulièrement «étonnés» d'être considérés comme mauvais élève dans la région en termes d'efficacité atmosphérique de leurs exploitations. L'argumentaire de la compagnie s'est d'abord appesanti sur le degré de crédibilité de l'ONG allemande, ainsi que sur la méthodologie adoptée par celle-ci. «Les données prises en compte ne constituent pas d'indicateurs scientifiques fiables du degré de pollution d'une compagnie. De plus, il faut savoir que tout cela pourrait également avoir des guidées commerciales, contrairement aux soubassements affichés», défend-t-on auprès de la direction de la communication extérieure du transporteur national. La structure a ensuite bétonné sa position en y rajoutant des explications techniques. «La compagnie est engagée dans un vaste programme qui vise à réduire les émissions de CO2 de ses avions, en s'équipant d'une flotte moderne et jeune et en renouvellement permanent. La moyenne d'âge de cette flotte n'est que de six ans et nous avons retiré de nos lignes une bonne dizaine de nos appareils qui gagnaient en âge». Pas vraiment de quoi rougir, par conséquent, vis-à-vis des flottes concurrentes des autres compagnies régulières de la région. Pour RAM, ce programme se déploie en effet à travers une série d'actions visant à réduire la consommation de carburant, le programme FEGA (Fuel Efficiency Gap Analysis), mené avec l'assistance de l'Association internationale du transport aérien et qui vise de -5 à -7% de la consommation de carburant, l'installation de «winglets», des ailettes verticales au bout des ailes des avions, par l'équipe du Centre industriel aéronautique de la compagnie. L'objectif ultime est évidemment la réduction de l'empreinte carbone des activités de la compagnie. Rappelons que la Commission européenne a en effet décidé de l'intégration du secteur de l'aviation civile dans la liste des domaines concernés par la directive 2003/87/CE, portant sur le «système communautaire d'échange de quotas d'émissions de gaz à effet de serre» (ETS). Toutes les compagnies aériennes, décollant où atterrissant dans l'espace européen, devront désormais s'acquitter d'une taxe portant une part de 15% des émissions en CO2 à leur actif, les 85% restants étant gratuits. Quant aux contrevenants, ils devront payer une amende de 100 euros par tonne de GES émise et risqueraient une interdiction temporaire d'opérer dans le ciel de l'UE. Un risque que ne peut certainement pas courir le transporteur national, qui a d'ailleurs déjà estimé ce que devrait lui coûter ce «permis de polluer», soit quelque 20 MDH pour cette première année d'application. Par ailleurs, RAM s'est vue dans l'obligation, parallèlement, de se conformer à l'exigence règlementaire européenne (directive 2008/101/CE), pour contribuer au plafonnement des émissions de CO2. Préserver l'environnement n'a jamais été aussi budgétivore...