Dans le secteur du transport aérien, les émissions de gaz à effet de serre représentent 3% des émissions mondiales pour la période 2006-2012. Elles seront de 5% pour la période 2013-2020. Voilà ce qui ressort du rapport établi par le GIEC, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat en 2007. Dans ce sillage, l'Union européenne a inclus le secteur du transport aérien dans sa législation visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De nouvelles règles du jeu La directive européenne incorporant l'aviation dans le plan des émissions de gaz à effet de serre a été adoptée le 2 février 2009, obligeant des Etats membres à mettre en place une législation appropriée avant le 2 février 2010. En agissant ainsi, l'UE donne le ton en responsabilisant davantage le secteur aérien. «Nous soulignons aussi notre engagement pour un schéma de réduction des émissions à l'échelle mondiale», avaient conclu les ministres de la Justice de l'Union européenne il y a un an. L'UE soutient l'adoption d'objectifs mondiaux fixés par la Commission consultative des Nations unies pour le changement climatique (CCNUCC) de - 10% d'émissions pour le transport aérien. Elle demande à ce qu'une action soit menée dans le cadre de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) dans la perspective d'un accord qui serait approuvé d'ici 2011. L'UE, veut contraindre le secteur du transport aérien à jouer son rôle dans les objectifs du schéma européen, sa croissance étant jugée non durable par l'instance européenne. Le transport en général est responsable de 23% des émissions de gaz à effet de serre. Le rapport Stern chiffre la responsabilité du secteur aérien à hauteur de 12% dans des émissions de CO2 provenant de toutes les sources de transport, comparé à 76% pour le transport routier. Pourtant la croissance du secteur aérien de l'ordre de 7% en 2007, selon les chiffres publiés par Eurostat, impliquait l'anticipation d'un schéma européen de réduction des émissions de gaz à effet de serre spécifique à l'aérien. Dans ce sens, l'open sky devra améliorer considérablement la gestion du trafic aérien, conduisant à des économies de carburant comprises entre 6 et 12%. Un accompagnement solidaire de l'IATA À titre de comparaison, une amélioration du rendement énergétique de 1% économisera jusqu'à 500.000 tonnes de carburant par an en Europe. La stratégie des officiels européens ambitionne d'apporter des améliorations futures dans l'exécution des opérations au sol des compagnies aériennes, notamment par l'intermédiaire de roulage au sol à l'aide d'un seul moteur ou de la réduction de poids dans les services de cabine. Selon l'ATAG (Air Transport Action Group), ces mesures pourraient réduire la consommation de carburant de 2 à 6% supplémentaires. Selon des statistiques récentes, le secteur aérien transporte plus de 2,2 milliards de passagers par an partout dans le monde sur des distances allant jusqu'à 15.000 km. Les 2.092 compagnies aériennes dans le monde ont une flotte totale de près de 23.000 avions. Elles desservent 3.754 aéroports, reliés par un réseau de routes de plusieurs millions de kilomètres gérés par environ 160 fournisseurs de service de navigation aérienne. Selon Eurostat, l'Institut européen des statistiques, le transport aérien a payé en 2008 plus de 40 milliards de dollars américains par an pour utiliser l'infrastructure aéroportuaire et les services de navigation aérienne. Tout cela sous forme de redevances spécifiques pour l'atterrissage, les passagers et le contrôle du trafic aérien. La compagnie Royal Air Maroc, dont les dessertes sur le continent européen représentent les deux tiers de son volume d'affaires dans ses activités aériennes, sera également concernée par cette directive européenne. D'autant plus que le Maroc a intégré le ciel européen géré par Eurocontrol. L'industrie du transport aérien s'est engagée à supprimer les restrictions d'espace aérien. En 2007, près de 400 routes ont été raccourcies. Au total, l'industrie a économisé 3,8 millions de tonnes de CO2 en 2007. À titre d'exemple, un vol aller-retour d'Europe en Chine a été raccourci de 15 minutes, économisant au passage 84.000 tonnes de CO2 chaque année. De plus, Eurocontrol collabore étroitement avec les compagnies aériennes et les aéroports pour développer des trajectoires continues d'approche et d'atterrissage afin de contribuer à réduire les émissions lors des procédures de descente vers les aéroports. Le Maroc suit le mouvement Pour ce faire, la RAM a lancé un appel d'offres international pour conduire une étude relative à l'amélioration de son efficacité énergétique durant ses opérations au sol. Cette étude a été lancée suite à un don de l'ordre de 337.000 dollars, débloqué par l'USTDA (United States Development Agency). Parmi les axes susceptibles d'apporter une réduction des émissions de CO2, l'utilisation du matériel de piste et des véhicules de surface plus écologiques, mais ce n'est pas tout. En effet, à chaque stade des opérations au sol, il y a des actions qui peuvent réduire la consommation de carburant, et donc réduire les émissions qui en résultent. Selon l'IATA (International Air Transport Association), les compagnies aériennes sont en mesure d'économiser du carburant grâce à des procédures plus efficaces et des mesures de réduction de poids. L'IATA recommande dans ce sens de s'assurer que les moteurs de l'avion soient propres et de développer l'utilisation des carburants alternatifs, comme le Jatropha. Dans ce sens, les «équipes d'experts vertes» de l'IATA rendent visite aux compagnies aériennes pour évaluer les possibilités de gains d'efficacité. Cela a permis des économies de 2 à 15% pour chacune des compagnies aériennes visitées. Mais on ne pourrait réduire les effets du secteur de transport aérien sur l'environnement aux seuls transporteurs. L'infrastructure associée, qui inclut les aéroports et les routes aériennes, a aussi un impact sur l'environnement et on peut effectuer des améliorations à cet égard. L'introduction sur ce registre d'équipements performants sur le plan environnemental dans les aéroports marocains gérés par l'Office national des aéroports est de plus en plus importante. L'ONDA investit ainsi dans des programmes de compensation pour rendre ses aéroports «carboneutres». L'autorité aéroportuaire marocaine fait des efforts énormes, en étroite collaboration avec l'IATA et l'ATAG, pour livrer dès 2011 des terminaux I et II de l'aéroport de Casablanca Mohammed V «certifiés verts». L'ONDA inscrit son action, d'une part en vue de converger réglementairement avec l'UE, et d'autre part pour être de manière significative dans le sillage de l'initiative étatique schématisée par le contrat programme Energipro. SESAR : 16 millions de tonnes de CO2 en moins SESAR, (Single European Sky Air Traffic Management Research), est un nouveau programme de modernisation de la gestion du trafic aérien de l'Union européenne. C'est le fruit d'un partenariat public-privé destiné à la recherche et développement en matière de gestion du transport aérien. Il dispose d'un budget de 30 milliards € et consiste à modifier la carte de l'Europe, en remplaçant la mosaïque actuelle des 35 organisations de contrôle - qui sont basées essentiellement sur les frontières nationales - par des «blocs d'espace aérien fonctionnels». La Commission européenne, qui co-finance ce programme, estime ainsi que la mise en œuvre de SESAR pourrait économiser 16 millions de tonnes de CO2 par an, grâce à un suivi plus efficace des routes les plus courtes et des retards largement maîtrisés. Mis au point depuis juin 2009, ce programme a favorisé le développement de la recherche pour une réorganisation optimale du ciel européen. Les nouveaux éléments et les nouvelles procédures opérationnelles définis dans le cadre de SESAR seront progressivement mis en œuvre à partir de 2012 et ce jusqu'en 2020. Abdelhanine Benallou, DG de l'ONDA:«La construction d'une station d'éoliennes démarrera vers la fin 2010» Les Echos : Qu'avez-vous fait pour réussir la phase de convergence réglementaire avec l'UE ? Abdelhanine Benallou : Nous avons entamé une approche dynamique en étroite collaboration avec Eurocontrol, l'IATA et l'OACI. C'est ce qui nous a conduit à la phase finale pour la certification des aéroports de Casablanca, d'Agadir et de Marrakech, selon la norme environnementale ISO14001. Une visite opérée par les équipes de l'ATAG des infrastructures aéroportuaires de l'ONDA est prévue pendant le premier trimestre 2010. Quel est l'investissement réservé aux énergies renouvelables dans le plan quinquennal 2008-2012? Nous avons entamé une réflexion dès 2004 pour aboutir à une meilleure gestion des ressources d'eau et d'électricité. Nous avons, ainsi, équipé le terminal 2 de Casablanca d'un toit doté de panneaux solaires. La façade de l'aéroport de Rabat-Salé a, également, été conçue avec des panneaux solaires. En parallèle, les travaux pour la construction d'une station d'éoliennes d'une capacité de 10 MW connectée au réseau à l'aéroport d'Essaouira devront démarrer vers la fin de l'année en cours. Un parc photovoltaïque connecté au réseau électrique de l'ONE est également à l'étude. Est-ce que l'efficacité énergétique est de mise dans la dynamique que vous avez adoptée à l'ONDA ? Tout à fait. Nous doterons l'aéroport Mohammed V d'une station d'épuration verte avec des systèmes de régénération des eaux usées et de traitement des déchets solides. Pour le terminal 1 et le terminal 2, nous installons un système de réutilisation de l'eau de pluie pour entretenir les espaces verts autour de l'aéroport. Nous avons préconisé la même approche pour rationaliser notre consommation en électricité.