La polémique continue d'enfler entre l'Algérie et la France et le bras de fer se poursuit au niveau sécuritaire. Paris envisage de sanctionner la compagnie aérienne nationale algérienne « Air Algérie » pour avoir refusé le refoulement de clandestins algériens. L'Algérie aurait refusé d'admettre sur son sol un Algérien expulsé par la France. C'est la nouvelle passe d'armes entre Paris et Alger au sujet de la migration irrégulière, un sujet qui mine les relations entre les deux pays depuis des années. En janvier, la polémique avait refait surface après l'affaire des bloggeurs algériens accusés de menacer l'ordre public et de mener des campagnes pro-algériennes en France. L'ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt avait réagi en proposant des mesures strictes contre l'Algérie pour faire face au refus d'accueillir ses ressortissants refoulés. Le 10 janvier, Driencourt, avait proposé d'interdire les vols d'Air Algérie en France comme réponse au renvoi de l'influenceur algérien Doualemn vers la France. « Si la compagnie transporte des passagers qui ne peuvent pas descendre, interdisons Air Algérie », avait-il déclaré au journal Le Figaro. Cette fois-ci, la menace vient directement du ministre français de l'Intérieur après une nouvelle escalade dans les relations toxiques entre la France et l'Algérie. La presse française a dénoncé le fait que la compagnie algérienne Air Algérie ait exigé un laisser-passer consulaire pour permettre l'expulsion d'un citoyen algérien qui était pourtant muni d'une carte d'identité. Selon une note interne rédigée par l'état-major de la Police française, rapportée lundi 17 février par le JDD, la compagnie aérienne algérienne a décidé de refuser d'embarquer les ressortissants algériens expulsés de France. « Cela signifie d'abord que l'Algérie ne respecte pas le droit », a réagi le ministre français de l'Intérieur devant la chaine d'information TF1. Bruno Retailleau a ajouté dans sa déclaration télévisée qu'il aurait compris l'exigence d'un laisser passer consulaire si le ressortissant algérien n'était pas muni de papiers prouvant son identité comme une carte d'identité ou un passeport biométrique. « Ca c'est la règle partout, c'est d'ailleurs une règle que nous appliquons, elle s'impose à tous les pays parce que c'est la Convention de Chicago (...) c'est le droit international », a-t-il dit. En refusant l'expulsion d'un de ses ressortissants, « l'Algérie enfreint le droit », a ajouté le ministre en affirmant avoir demandé à ses services de « de voir dans quelles conditions on pouvait sanctionner cette compagnie. On est en train de voir toute l'échelle de la riposte possible ». Selon la note interne envoyée par le département de Bruno Retailleau, il est désormais demandé aux responsables des aéroports français de « renforcer leur vigilance ». Les autorités françaises vont à présent répondre à tout éventuel refus d'expulsion par la compagnie algérienne, en exigeant en retour un document attestant dc ce refus signé par le chef d'escale d'Air Algérie. Et dans le cas où, le chef d'escale refuserait de fournir le document demandé par les autorités aéroportuaires françaises, « son identité devra être relevée systématiquement », a indiqué la même source.