Alors que les tensions entre la France et l'Algérie atteignent un niveau sans précédent depuis 1962, l'ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, a dénoncé dans une intervention accordée au Figaro TV une mesure méconnue imposée aux diplomates français par les autorités algériennes. Ces derniers doivent obtenir une autorisation préalable pour tout déplacement hors des grandes villes algériennes, une exigence qu'il qualifie d'"inéquitable". Un appel à des mesures de rétorsion immédiates Dans le contexte du récent renvoi en France de l'influenceur algérien Doualemn, M. Driencourt a évoqué des actions que Paris pourrait entreprendre "à très court terme" sans nécessiter l'aval du président Emmanuel Macron. Parmi celles-ci, il a proposé une mesure radicale : l'interdiction des vols d'Air Algérie sur le territoire français. "Si Air Algérie transporte des passagers refoulés par l'Algérie elle-même, interdisons ses vols. Certes, Alger pourrait en retour interdire Air France, mais qui des deux parties serait réellement désavantagée ?", a-t-il questionné. Des restrictions imposées aux diplomates français Xavier Driencourt a également mis en lumière une pratique restée largement confidentielle. Selon lui, les diplomates français en poste en Algérie sont tenus de demander, huit jours à l'avance, une autorisation aux autorités locales pour tout déplacement en dehors des villes d'Alger, Oran ou Annaba, sous peine d'être reconduits manu militari. Il a rappelé un précédent récent : "Lors des incendies en Kabylie, le numéro deux de l'ambassade française s'est rendu sur place pour saluer les efforts des pompiers français. Faute d'autorisation, il a été escorté de force vers Alger." Cette contrainte s'applique également à des figures religieuses telles que l'archevêque d'Alger, ce que M. Driencourt a qualifié de "situation kafkaïenne". Il a proposé, en guise de réciprocité, que les représentants de l'ambassade et des consulats algériens en France soient soumis à des restrictions similaires : "Le recteur de la Mosquée de Paris pourrait, lui aussi, être contraint de demander une autorisation pour ses déplacements, dans leur propre intérêt." Ironisant sur les accusations récurrentes des médias algériens à son encontre, l'ancien ambassadeur a conclu : "Peut-être serait-il plus sûr pour eux de limiter leurs déplacements pour éviter de croiser des Français qu'ils associent aux relents du colonialisme."