Le gouvernement algérien a opéré un rétropédalage quant à ses intentions de bloquer le commerce bilatéral avec la France à la suite de la position française soutenant l'intégrité territoriale du Maroc. Après un document fuité ayant fait le tour de la presse, l'exécutif algérien est sorti de son silence. En Algérie, les documents internes « fuités » ne sont pas monnaie courante. A la question de savoir si le document informant de mesures de rétorsions visant les échanges commerciaux avec la France était un faux pour créer le doute ou s'il s'agissait d'une mise en garde, le gouvernement algérien a estimé que les informations étaient « infondées ». Pourtant, le document, une note de l'Association professionnelle algérienne des banques et des établissements financiers (Abef), est tout à fait semblable à celui qui avait circulé deux années plus tôt concernant les restrictions commerciales visant l'Espagne pour avoir opéré un virage diplomatique en soutenant la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Les autorités algériennes avaient également démenti la véracité de ce document et malgré tout, les sanctions étaient bel est bien réelles. Alors, lorsque cette note émanant de l'Abef adressée aux banques algériennes a refait surface de la même manière et communiquée par l'ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, les entreprises françaises présentes ou commerçant avec l'Algérie, ont commencé à prendre des mesures et à s'organiser. Face au tollé suscité par cette nouvelle tentative algérienne de faire pression sur un pays tiers, et surtout après l'échec avec l'Espagne, les autorités algériennes ont semblé avoir « mieux » réfléchi cette fois-ci, en revenant sur cette décision d'imposer des mesures de rétorsion contre Paris pour sa position pro-marocaine sur le Sahara. « La cellule de communication du premier ministre tient à apporter un démenti catégorique à ces informations erronées et totalement infondées », a indiqué un communiqué publié par l'agence de presse officielle algérienne APS, citant nommément l'ancien ambassadeur de France à Alger Xavier Driencourt en le tenant pour responsable de la diffusion d'« allégations mensongères ». Le diplomate français, bien informé grâce à ses réseaux et ses deux mandats en tant qu'ambassadeur en Algérie, est devenu l'une des bêtes noires du régime algérien pour avoir révélé plusieurs dessous du fonctionnement de cette oligarchie institutionnelle et militaire. Depuis le soutien français à la souveraineté du Maroc sur le Sahara exprimé dans une lettre du président Emmanuel Macron adressée au Roi Mohammed VI, et réitéré officiellement, avec l'art la manière, à l'occasion de sa visite officielle au Maroc fin octobre, l'Algérie fulmine mais n'agit pas. En l'état, l'Algérie ne peut faire que peu de choses contre la France mais cela devrait plus lui nuire qu'autre chose. De même, les dirigeants algériens ont déjà un modèle devant leurs yeux, celui de l'Espagne qui n'a pas capitulé devant la pression algérienne. La France, est de toute évidence encore moins sujette à céder devant une Algérie qui a tant refusé les tentatives de réconciliation françaises depuis le premier mandat d'Emmanuel Macron. Les deux pays traversent une énième crise diplomatique depuis l'annonce du soutien au Maroc, qui a découlé par le retrait de l'ambassadeur d'Algérie à Paris fin juillet. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune qui espérait effectuer une visite d'Etat en France peu avant ou après sa réélection assurée, n'a finalement pas pu le faire et ne pourra pas le faire dans ces conditions. Pour autant, l'Algérie ne peut se permettre de rompre complètement ses relations avec la France. Les généraux au pouvoir et les hommes influents algériens ont tous des intérêts personnels et économiques dans l'Hexagone. Cela suffit à ne pas troubler davantage les relations bilatérales au delà du poids économique. Au niveau commercial, la balance semble être à l'avantage de l'Algérie qui exporte du pétrole en France depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et les sanctions européennes imposées au pétrole russe. Les échanges entre les deux pays ont atteint les 5,4 milliards d'euros au premier semestre de l'année en cours, selon les chiffres des Douanes françaises repris en septembre dernier par Business France Algérie, soit près de 11 milliards à l'année. L'Algérie engrange 3 milliards d'euros grâce à ses ventes de pétrole à l'année et le tissus économique français gagne près de 5 milliards d'euros, soit l'équivalant de 2,4 milliards de dollars d'importations de produits industriels tous les 6 mois.