Dans une note politique publiée le 17 avril par la Fondation pour la défense des démocraties (FDD), les chercheurs Ahmad Charawi et Mariam Ouahba dénoncent l'enracinement croissant de l'Iran en Afrique du Nord, par l'entremise du Front Polisario, soutenu militairement, idéologiquement et logistiquement par le Hezbollah libanais. «L'Iran a formé des combattants du Front Polisario, basé en Algérie, avec l'aide du Hezbollah. Plusieurs d'entre eux sont désormais détenus par les nouvelles forces syriennes», précise le document. Ces révélations donnent un éclairage inédit à la menace formulée par Téhéran lors des premiers jours de la guerre entre Israël et le Hamas, lorsqu'elle évoquait la possibilité de bloquer le détroit de Gibraltar, point névralgique entre l'Afrique et l'Europe. «Le Polisario constitue une menace directe à l'égard d'un allié stratégique des Etats-Unis et de la stabilité de toute la région.» Le rapport de la FDD révèle également que le mouvement séparatiste a reçu de l'Iran des drones de type kamikaze. En 2022, un responsable du Polisario annonçait leur prochaine livraison. Peu de temps après, la mission permanente marocaine auprès de l'Organisation des Nations unies présentait des images attestant la possession, par les miliciens sahraouis, d'armes de conception iranienne. En janvier 2025, des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux mettaient en scène une attaque simulée par drone contre des infrastructures marocaines. L'appui structurel de l'Algérie Le rapport rappelle que l'Algérie assure un soutien continu et multiforme au Front Polisario : financement, octroi de documents officiels, fourniture d'armements et tolérance manifeste sur son territoire. Le 6 novembre 2024, à l'occasion des célébrations de la Marche-Verte, des roquettes ont été tirées vers le Maroc depuis une zone frontalière. Selon la presse marocaine, l'attaque aurait été lancée depuis le sol algérien. La FDD met également en évidence les accointances du Polisario avec les mouvances djihadistes sahéliennes. Adnan Abou Al-Walid al-Sahraoui, ancien cadre du Front, devenu émir de l'Etat islamique au Grand Sahara, a été tué en 2021 par les forces françaises au Mali. Son itinéraire atteste la perméabilité entre le séparatisme sahraoui et les structures terroristes régionales. Une tragédie silencieuse : l'enrôlement des enfants Une organisation non gouvernementale établie à Genève affirme devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies que le Front Polisario «empêche systématiquement des enfants sahraouis d'accéder à l'enseignement pour les soumettre à des formations militaires». Le rapport dénonce «une exploitation planifiée de mineurs à des fins politiques et armées». Les auteurs concluent leur note par un appel adressé à l'exécutif américain. Ils préconisent, d'une part, l'ouverture effective du consulat des Etats-Unis à Dakhla, annoncée en 2020, et, d'autre part, «la désignation du Front Polisario comme organisation terroriste étrangère». «Soutenu par l'Iran, encadré par le Hezbollah et abrité par l'Algérie, le Polisario constitue une menace avérée contre la souveraineté du Maroc, la sécurité de ses civils et la stabilité de tout le flanc méridional de la Méditerranée», avancent-ils.