L'ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a fait une nouvelle sortie médiatique au sujet de sa double expérience à Alger. Le diplomate a indiqué que la réconciliation franco-algérien porté par le président français Emmanuel Macron est une « erreur historique » parce que le régime algérien n'allait jamais cesser d'accabler la France. Cela fait partie de la matrice du système en Algérie. Dans un article paru sur Le Journal Du Dimanche, l'ambassadeur se confie et livre le fond de sa pensée après un parcours diplomatique riche en expériences dont celle en Algérie où il a effectué deux mandats. L'article intitulé « Xavier Driencourt, le parler vrai d'un ambassadeur », l'ambassadeur, fin connaisseur des relations tumultueuses et empoisonnées entre Paris et Alger, est sorti de sa réserve pour parler avec sincérité de la situation entre les deux pays. « Le discours anti-français demeure la matrice du système. Notre aveuglement est une erreur historique », a-t-il lancé. Le président Emmanuel Macron qui a fait de la réconciliation franco-algérienne l'un de ses projets phares, ne devrait jamais réussir cette mission face à un régime hypocrite qui change de positions comme il change de chemise. C'est en tout cas le constat partagé par l'ambassadeur français qui estimé qu'Emmanuel Macron pense pouvoir séduire le régime algérien et lui faire abandonner sa rengaine historique contre son ancien colonisateur. Xavier Driencourt est revenu sur les multiples tentatives de réconciliation infructueuses menées par le président français, depuis sa première candidature à l'Elysée en 2017. « Il croit qu'il peut réussir là où François Mitterrand, Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac ont échoué pour la simple raison que lui est né bien après la fin des événements d'Algérie. Il croit aussi en son pouvoir de séduction », a déclaré le diplomate au sujet d'Emmanuel Macron. Mais selon lui, « le système politique algérien est imperméable à la séduction ». L'ambassadeur, terre à terre, rappelle que « le discours anti-français est le levain de toutes les campagnes présidentielles » en Algérie depuis des lustres et celle de 2024 ne fera pas exception. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui prévoit un déplacement officiel en France prochainement, tentera de jouer avec « l'aveuglement » français et sans doute sa bonne foi pour lancer sa campagne pour la présidentielle de 2024, en utilisant la France comme bouc émissaire. La récente sortie de crise entre les deux pays ne serait qu'une parenthèse le temps d'organiser son retour aux affaires et lancer sa première véritable campagne présidentielle, lui qui a été placé à la tête de l'Algérie par l'armée sans processus démocratique. Driencourt a fait part de ses craintes que le président Tebboune « choisisse de venir à Paris le 8 mai prochain, histoire de rappeler le massacre de Sétif du 8 mai 1945 pour pouvoir encore accabler les Français ». Le système algérien « ne connaît que le rapport de force », a souligné le diplomate chevronné qui a rappelé les liens intrinsèque avec la Russie. « Tous ces gens de la nomenclature (algérienne) ont été formés dans les pays de l'Est et les militaires en Russie. Le pouvoir algérien soutient Poutine. Lavrov est venu récemment à Alger pour entretenir la flamme », a-t-il soutenu et de poursuivre que la preuve c'est que le président Tebboune se rendra en visite officielle à Moscou au printemps.