La classe politique française est très critique à l'égard de la politique de Macron envers l'Algérie. Les diplomates n'en sont pas en reste. La dernière sortie de Xavier Driencourt en dit long. Par Samir Chaouki, Journaliste-écrivain Il est le français qui connaît le plus l'Algérie pour y avoir été ambassadeur en deux périodes. Entre 2008 et 2012 sous Bouteflika, ensuite entre 2017 et 2020 où il a vécu sur place la décadence du système Bouteflika, le Hirak et l'émergence du nouveau pouvoir ayant mis en vitrine Abdelmajid Tebboune. L'Algérie qui s'effondre Driencourt redoute le régime algérien sur place et croit dur comme fer que cette « nouvelle » Algérie a vite montré son vrai visage ; celui d'un système militaire brutal, en connivence avec un pouvoir civil plus affairiste que celui qu'il a chassé, obsédé par la sauvegarde de sa rente. Le danger de ce régime algérien, selon le diplomate français, c'est que ses militaires sont formés en URSS et après en Russie, avec une doctrine hostile à l'occident y compris la France, alors que ses civils utilisent le « devoir de mémoire », devenu une matrice de leur diplomatie, et en fait un fonds de commerce qu'il remue à chaque fois il a besoin d'amadouer les foules. Sur le plan interne, ce régime a profité de Covid-19 pour écraser le Hirak, a muselé l'opposition et a mis dans les prisons journalistes et activistes des droits de l'homme qui rament à contre-courant. C'est pourquoi, l'auteur de « l'énigme algérienne » affirme que c'est un régime sans légitimité populaire et donc voué à un renversement qui pourrait tirer dans son sillage la France de façon brutale. La France, éternel ennemi La proximité de l'Elysée au Mouradiya est vivement critiquée par le diplomate qui s'exclame sur le fait que Macron et son gouvernement n'arrivent pas se rendre compte à quel point le régime algérien est en train de les embourber. Car, l'accalmie affichée à l'égard de la France ne durerait pas longtemps puisque le pouvoir algérien commencerait dès cette année à préparer son deuxième mandat pour les présidentielles prévues l'année prochaine. Driencourt croit savoir que la France serait encore une fois le « plat » préféré des élections algériennes, alors que l'Elysée continue de croire que céder sur les dossiers de mémoire et de visas leur permettrait de rallier définitivement l'Algérie à la France. Or, c'est un leurre ! Macron qui avait pourtant déclaré en octobre 2021 « qu'il s'agit d'une histoire officielle réécrite par Alger construite sur la haine de la France par un système politico-militaire fatigué », est curieusement le même Macron qui s'est précipité en Algérie pour « calmer les esprits ». L'ancien diplomate tance à juste titre le président de la république pour ce volte-face et recommande une ligne dure face au régime algérien qui « ne comprend que le rapport de force ». Et de conclure sur le véritable danger sur la France en affirmant que 45 millions d'algériens n'ont qu'une obsession ; de partir ou fuir le pays essentiellement vers la France, au risque de voir les vannes d'une émigration massive, source de déstabilisation de la société française, grandes ouvertes. Enfin, le pouvoir algérien est très embarassé par cette sortie médiatique sur les colonnes du journal « Le Figaro » qui venait de publier une longue interview du président algérien. Une interview largement relayée par les médias algériens qui n'ont pas tari d'éloges sur le même « Le Figaro » !!