«Je tiens à exprimer ma stupéfaction. Nous avons atteint un seuil extrêmement préoccupant dans nos relations avec l'Algérie. Cette dernière semble avoir pour objectif d'humilier la France», a déclaré le ministre de l'intérieur français Bruno Retailleau, lors d'une visite à Nantes, à la sous-direction des visas, à la suite de l'expulsion de l'influenceur Doualemn, renvoyé en France le même soir par les autorités algériennes. «Il nous faut envisager l'ensemble des mesures dont nous disposons à l'égard de l'Algérie», a précisé le ministre de l'intérieur français dans des propos rapportés par Le Figaro, sans préciser la nature de cet «éventail de possibilités». «Doualemn possédait un passeport biométrique valide. Il a donc été reconduit et les autorités algériennes ont refusé de le laisser débarquer sur leur territoire, en totale contradiction avec les règles et avec la convention internationale de Chicago, qui stipule que chaque pays est responsable de ses propres ressortissants. La preuve de sa nationalité algérienne était établie par un passeport biométrique valide. C'est donc absolument inacceptable», a précisé le ministre. L'influenceur, âgé de 59 ans et comptant 138 000 abonnés sur le réseau social TikTok, a été placé dans un centre de rétention administrative (CRA) au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), «en attendant son jugement», prévu le 24 février à Montpellier, a indiqué une source proche du dossier au Figaro. «La suite dépendra des discussions avec Alger», a-t-elle ajouté. En ce qui concerne le refus de l'Algérie, «ce pays a évoqué un motif sans fournir la moindre preuve. Les deux policiers escortant l'influenceur dans l'avion ont dû descendre de l'appareil. On leur a opposé des arguments juridiques, sans jamais fournir de fondement juridique», a ajouté M. Retailleau. «Je suis convaincu que la France ne peut accepter cette situation. Tout en conservant notre calme et notre détermination, nous devons désormais envisager toutes les options possibles à l'égard de l'Algérie», a conclu le ministre. Tensions diplomatiques croissantes entre Paris et Alger L'expulsion avortée de Doualemn s'inscrit dans un contexte diplomatique particulièrement tendu entre Paris et Alger, exacerbé par l'arrestation récente de l'écrivain Boualem Sansal. Ces dernières semaines, plusieurs influenceurs algériens ont été interpellés. Le 3 janvier, à Brest, Youcef A., alias «Zazou Youssef» sur TikTok, âgé de 25 ans, a été arrêté pour avoir incité à commettre des attentats en France et à recourir à la violence en Algérie. Placé en détention provisoire, il sera jugé le 24 février pour apologie du terrorisme et risque une peine de sept ans de prison. Cette affaire survient après que Doualemn a été arrêté et placé en CRA à Nîmes (Gard), après la publication d'une vidéo incitant à «donner une sévère correction» à un homme prétendant résider en Algérie, un appel à la torture visant un opposant au régime en place dans le pays, ce qui justifiait le retrait de son titre de séjour et son expulsion, selon les déclarations du préfet de l'Hérault, François-Xavier Lauch.