Le ministre de l'intérieur français Bruno Retailleau s'est exprimé mercredi sur l'incarcération de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal en Algérie, appelant à la «fermeté» et brandissant la menace de «déployer un certain nombre de réponses» si l'écrivain n'était pas libéré dans les plus brefs délais. Boualem Sansal est détenu en Algérie depuis la mi-novembre, accusé d'atteinte à la sûreté de l'Etat et à l'intégrité du territoire national. Ses poursuites font suite à des propos tenus en octobre sur un média français où il affirmait que le colonialisme français aurait amputé le territoire marocain au profit de l'Algérie. Interrogé par BFMTV ce mercredi, Bruno Retailleau, membre du gouvernement démissionnaire dirigé par Michel Barnier, a plaidé pour une politique de fermeté à l'égard des autorités algériennes. Le ministre a été questionné sur la poursuite des échanges bilatéraux et l'octroi des visas dans le contexte actuel. «Vous savez à qui vous posez cette question et vous en connaissez probablement la réponse. Je suis partisan d'une politique de fermeté», a-t-il déclaré. Dès son entrée en fonction, Bruno Retailleau avait annoncé sa volonté d'adopter une position inflexible à l'égard de l'Algérie sur les laissez-passer consulaires. Evoquant son amitié personnelle avec Boualem Sansal, il a rappelé avoir échangé avec lui peu de temps avant son arrestation : «Quelques jours avant qu'il ne soit enlevé, je correspondais par SMS avec Boualem Sansal pour fixer la date d'un déjeuner ou d'un dîner. C'est une situation qui me touche profondément.» Tout en assurant que la France agit au mieux de ses capacités, Bruno Retailleau a évoqué la possibilité d'une suspension des visas, affirmant qu'une politique de «réciprocité» est indispensable : «Là où les pays coopèrent, nous octroyons des visas. En revanche, en cas de non-coopération, je suis favorable à un blocage clair et net.» Le ministre a également remis en cause l'accord franco-algérien sur l'immigration signé en 1968, qu'il considère comme «beaucoup trop dérogatoire» et désormais obsolète. «Cet accord correspondait peut-être à une autre époque, celle du général de Gaulle, mais il n'a plus lieu d'être aujourd'hui», a-t-il estimé. En conclusion, Bruno Retailleau a averti que la France pourrait adopter des mesures de rétorsion si la situation perdurait. «J'espère que la relation entre l'Algérie et la France permettra de stabiliser les choses. Toutefois, je souhaite que Boualem Sansal revienne très rapidement parmi nous. Si tel n'était pas le cas, la France serait en mesure de déployer un certain nombre de réponses», a-t-il déclaré, sans en préciser la nature. Cette prise de position marque un durcissement notable dans la posture de l'exécutif français, qui jusqu'ici avait privilégié la retenue dans ce dossier délicat.