Les déplacements de Benkirane dans les régions ne sont plus suivis que par les médias, des manifestants ne ratent plus les rendez-vous du chef du gouvernement. Une première. Les précédents premiers ministres étaient épargnés par ce genre de désagréments. Visiblement, les meetings politiques de Abdelilah Benkirane sont devenus une occasion propices à la contestation sociale de faire entendre sa voix. Ce qui s'est passé, le dimanche 23 septembre à Agadir lors du congrès régional du PJD, est tout sauf un cas isolé. Des banderoles y ont été hissées demandant des logements dignes, la libération des détenus amazighs et bien entendu de l'emploi. Le même scénario s'est répété samedi à Oujda et hier à Tanger. Revendications sociales à Oujda Dans la capitale de l'Oriental, l'allocution du chef du gouvernement a été ponctuée de plusieurs arrêts à cause des cris hostiles de diplômés réclamant de l'emploi. A extérieur de la salle où s'est tenu le congrès régional du PJD, la situation n'était guère calme, un groupe d'infirmiers a observé un sit-in de protestation contre le décret du ministre de la Santé, El Houcine El Ouradi, accordant aux titulaires du diplôme «technicien spécialisé» dans une branche paramédicale délivrés par les écoles privées dûment agréées par l'Etat, le droit de participer aux concours de recrutement dans la fonction publique. Ce sit-in est parfaitement en phase avec la grève nationale du 19 septembre à l'initiative de quatre centrales syndicales. Le meeting de Benkirane a Oujda a connu l'absence du très controversé Aziz Aftati, le député de cette circonscription qui avait accusé l'ancien ministre Salaheddine Mezouar de toucher des primes "sous la table". Les relations entre Aftati et Benkirane ne sont pas au beau fixe. Le chef du gouvernement l'a évincé du tout de table du secrétariat général de la Lampe. A Tanger, des considérations électoralistes Hier à Tanger, le meeting électoral du chef du gouvernement ne s'est pas déroulé comme il le souhaite. Des individus ont tenté à plusieurs reprises d'interrompre Benkirane de prononcer son discours. Des sources au PJD, attribuent l'intrusion de ces trouble-fête aux élections partielles qui auront lieu, le vendredi 5 octobre, dans la circonscription de Tanger-Asilah. Trois sièges y sont à pourvoir. Les «frères» de Benkirane tentent de réaliser un score honorable lors de ce scrutin et pourquoi pas rééditer l'exploit des législatives du 25 novembre 2011? Ils avaient remporté quatre sièges. Les résultats de ces élections partielles, décidées par le conseil constitutionnel, ont une valeur de test pour la popularité du PJD, après neuf mois au gouvernement. A Tanger, la concurrence fait rage entre les partisans de la Lampe et des autres formations de l'opposition, notamment RNI, UC et le PAM, l'ennemi juré. En dépit de ces expressions de protestations, tant à Oujda qu'à Tanger, Benkirane, en très bon communicateur, a pu terminer ses allocutions. Et même plus. Nullement gêné pas ces imprévus, il les a tournées à son avantage en réitérant son discours sur ceux qui ne ménagent pas leurs efforts pour que l'expérience du PJD au gouvernement soit un échec. Le sujet favori de Benkirane.