La libération de Gilbert Navarro, ressortissant espagnol enlevé le 17 janvier en Algérie, a été confirmée lundi 20 janvier par le Front de libération de l'Azawad (FLA), un groupe rebelle opérant dans le nord du Mali. Les conditions dans lesquelles cette annonce a eu lieu ainsi que le rôle joué par le régime d'Abdelmadjid Tebboune, soulèvent des interrogations sérieuses et alimentent un climat de suspicion sur l'implication de l'Etat algérien dans ce dossier. Le FLA a déclaré que M. Navarro, enlevé en Algérie avant d'être transporté au Mali, a été libéré «sain et sauf.» Cependant, l'opacité qui entoure cette proclamation est préoccupante. L'Algérie a choisi de ne divulguer aucune information précise sur les tractations ayant permis la fin de la captivité du septuagénaire espagnol. Aucune explication n'a été donnée sur l'implication des autorités algériennes dans les discussions, ni même sur les modalités de la libération. Cette absence de transparence soulève des questions brûlantes, notamment dans le contexte des relations algériennes avec les groupes rebelles au Sahel, souvent qualifiés de milices terroristes. L'Algérie, acteur honni dans la région du Sahel, pourrait-elle avoir utilisé cet incident à des fins diplomatiques, notamment pour se poser en médiateur régional tout en renforçant ses positions à l'égard de ses voisins ? L'absence de toute déclaration officielle détaillant l'implication d'Alger dans le processus de libération, couplée au silence entourant les modalités des négociations, suggère une gestion de cette crise plus centrée sur des intérêts stratégiques conjoncturels que sur une véritable coopération internationale. Ce flou autour du rôle d'Alger est d'autant plus suspect que la diplomatie algérienne, souvent accusée d'ambiguïté dans ses relations avec les brigades de la mort au Sahel, a tout à gagner à maintenir des zones d'ombre dans cette affaire. Les autorités algériennes semblent avoir évité de rendre des comptes sur leur rôle laissant le doute s'installer sur les vrais motifs de leur silence. Dans un contexte de rivalité diplomatique avec le Maroc, qui est également concerné par les questions de sécurité dans la région, cette gestion équivoque pourrait bien être une manœuvre délibérée pour éviter de donner trop de détails sur des pourparlers en coulisses, ou pire, sur d'éventuels accords avec des groupes armés que l'Algérie soutiendrait indirectement. Si Madrid a été informée de la libération de son citoyen, elle n'a pas fait de déclaration officielle sur les termes de l'accord ni sur sa propre implication dans les négociations. Cette non-communication n'est pas anodine. Elle suggère une certaine mise à l'écart de l'Espagne dans ce processus ou du moins une minimisation de son poids dans un dossier sensible où les enjeux géopolitiques sont particulièrement forts. Cette affaire, glisse un fin connaisseur des affaires algériennes, est un exemple de plus de la manière avec laquelle le régime exploite des affaires humanitaires à des fins de manœuvre politique, en négligeant la nécessité de transparence et de responsabilité envers la communauté internationale.