Il ne s'agit que d'élections législatives partielles, mais qui s'annoncent pour le chef de gouvernement et le PJD, comme un premier bilan de mandat. 4 sièges seulement, en effet, sont à pourvoir à l'issue des élections partielles d'hier, dont 3 pour la circonscription de Guelliz-Ennakhil et 1 seul pour celle de Tanger-Assilah, dans la région du même nom. Au-delà des enjeux électoraux pour les principaux partis en lice, ces élections sont en particuler pour le PJD, une sorte de défi où le parti du chef de gouvernement joue gros. Il s'agit d'abord de confirmer la large victoire du parti aux législatives du 25 novembre dernier en reprenant les sièges qui ont été invalidés par le Conseil constitutionnel, et surtout de mesurer sa popularité quelques mois après l'an un de l'avènement du PJD à la tête de l'Exécutif. Alors qu'au sein de l'opinion, les critiques fusent de toutes parts, parfois confirmées par des déclarations des responsables des partis alliés, sur l'incapacité du PJD à insuffler le changement qu'il a tant promis, les résultats du scrutin partiel constitueront, certainement, un test à l'aune duquel, on aura un aperçu, certes bref, de l'appréciation que se font les électeurs de la gestion du parti de la lampe. Preuve qui illustre qu'au PJD, on est bien conscient de ces enjeux, la direction du parti n'a rien ménagé pour mener une campagne électorale dont la mobilisation et les moyens mis en œuvre vont au-delà d'un simple scrutin partiel. Même le chef du gouvernement, Abdelillah Benkirane, également secrétaire général du parti, est allé en renfort au niveau des deux régions en plus d'autres grosses pointures du parti siégeant au gouvernement, comme cette présence assez remarquée de la dizaine de ministres du parti. L'appui est devenu, d'autant plus nécessaire que de l'autre coté, les adversaires politiques de l'opposition représentés par le PAM n'ont cessé de surfer sur la vague de critiques de l'échec du gouvernement en tentant de rallier les électeurs à sa cause. Mauvaise posture Le scrutin législatif de Marrakech et Tanger intervient dans un contexte assez particulier qui n'est pas sans raviver la vieille rivalité entre le PJD et le PAM. Surtout qu'après presque un an de gestion à la tête de l'Exécutif, le PJD a eu le temps de prendre véritablement ses marques et d'affiner sa stratégie de gouvernance. Le parti de Benkirane qui a raflé la mise, notamment à Tanger, à l'issue du scrutin dont les résultats ont été invalidés, part certes favori mais en mauvaise posture. Le contexte socio-économique actuel est loin d'être favorable au parti de la lampe, lequel en l'absence d'une réelle marge de manœuvre, il faut le reconnaître, peine à faire passer les mesures sociales sur lesquelles a été basé, pour l'essentiel, son programme électoral et de mandat. Le discours populiste cher à Benkirane servira-t-il encore à justifier l'absence d'un véritable résultat phare, dont le PJD se serait bien servi comme argument de campagne ? Rien n'est moins sûr, mais si l'on s'appuie sur les sorties répétées de la société civile et de plusieurs associations, lesquelles ont fortement interpellé le gouvernement sur son incapacité à répondre aux attentes légitimes des citoyens, la position du chef de gouvernement est peu enviable. L'opposition a fait d'ailleurs de cet aspect une des thématiques majeures de sa campagne électorale, qui a tourné à un véritable procès contre le gouvernement PJD. La succession d'évènements qui ont mouvementé les meetings des différents partis en lice en dit long sur le climat qui prévaut au sein de la population. Il y avait d'abord l'accueil agité réservé au chef du PJD par les diplômés chômeurs lors de son meeting à Marrakech qui a, c'est le moins que l'on puisse dire, constitué une véritable contre-campagne dont Benkirane aurait bien pu se passer. Dans la région de Tanger, les troubles sociaux qui sont intervenus quelques jours avant le scrutin ont accentué la pression sur les responsables du PJD, surtout que ces législatives partielles se tiennent presque à quelques mois des élections locales annoncées pour 2013. Ce qui, du coup intensifie les enjeux politiques et électoraux du côté du gouvernement tout comme de l'opposition. En tout cas, la valeur de ce scrutin ne fait aucun doute comme l'a lui-même reconnu le chef de gouvernement, dimanche dernier à Tanger, en déclarant que «ces législatives partielles sont un symbole pour notre gouvernement et notre parti». Des résultats et des interprétations Les électeurs des deux circonscriptions électorales de Tanger-Assilah et Guelliz-Ennakhil à Marrakech auront donc la lourde responsabilité de servir de test de vérité pour Benkirane. Cependant, au delà de la caution que cherchera le parti de la lampe, l'issue du scrutin partiel sera aussi une occasion pour la coalition au pouvoir de réajuster, si besoin est, sa stratégie de gestion. Le contexte ne se prête donc pas favorablement au PJD, qui plutôt que de tenir encore des promesses cherche à justifier son rendement. En somme, c'est d'une sorte d'évaluation en cours de mandat dont il s'agit, laquelle déterminera si l'effet PJD est en train de prendre. Les autres partis de la majorité gouvernementale auront d'ailleurs tout profit à tirer de cette étape, même si certains présentent également des candidats au niveau de ces circonscriptions. Si l'on se réfère à la nouvelle donne politique au sein de la coalition avec l'élection de Habid Chabat à la tête de l'Istiqlal, et à ses récentes déclarations sur l'évaluation de l'action gouvernementale, il va sans dire que les choses se compliquent pour le parti de la lampe, qui devra tenir compte d'une véritable opposition au sein de sa majorité. En plus, l'une des missions que s'est assignée le leader istiqlalien, c'est de renforcer la participation de son parti au sein de la majorité afin de concrétiser les promesses électorales sur lesquelles, les 4 partis se sont engagés. Ce qui donne déjà un avant-goût de la prochaine campagne électorale, pour les locales qui seront le test grandeur nature pour Benkirane. Duel au sommet entre le PJD et le PAM L'autre particularité de ce scrutin partiel, c'est qu'il met encore une fois de plus, deux principaux partis de la scène politique, connus pour leur rivalité, en compétition. Il s'agit du PJD, la formation du chef de gouvernement et le PAM, deuxième de l'opposition parlementaire. Au niveau de la circonscription de Gueliz-Ennakhil, qui compte 362 bureaux, un siège vacant sera attribué à l'issue des opérations électorales. Cinq partis sont en lice pour briguer le poste mais deux se sont particulièrement démarqués lors de la campagne électorale. Il s'agit d'Ahmed El Moutassadik du PJD et Zakia Lamrini du PAM, qui font figure de favoris aux cotés de Ahmed El Antari du (FFD), Abbassa El Karat de l'USFP et Amine Zaiz du PRD. À Tanger, le plateau paraît plus relevé car c'est trois sièges qui sont à pourvoir au niveau de la circonscription électorale de Tanger-Asilah. 292.627 électeurs sont inscrits sur les listes des 616 bureaux que compte la circonscription. Cependant, comme à Marrakech, c'est le duel PJD/PAM qui cristallise l'attention. L'enjeu est de taille à ce niveau puisque le PJD a raflé les 3 sièges qui ont été invalidés par le Conseil constitutionnel. Le PJD a décidé, d'ailleurs, de reconduire ses anciens candidats, Abdellatif Berrouhou, Mostafa Chouati et Mohamed Diyaz alors que sur la liste du PAM, on retrouve Adil Dfouf, Mokhtar Belmekki ainsi que Taoufik Zari.