L'actuel député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, a décidé de faire un geste envers la communauté musulmane de sa ville en mettant à sa disposition un nouveau lieu de culte de 500 m². Ce nouvel espace cultuel, qui doit répondre à la problématique du manque de place auquel la communauté locale est confrontée, suscite l'hostilité d'une partie de la ville dont le centre de gravité politique se situe à l'extrême-droite. «J'ai tout mis en œuvre pour qu'il n'y ait pas d'islam des caves à Nice». Ces propos sont de l'ancien ministre de l'Industrie et actuel député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi qui a décidé de faire un geste envers la communauté musulmane de sa ville en lui mettant à disposition un lieu de culte de 500 m² et une extension de ses deux lieux de prière. Relayée par Le Monde ce mercredi, cette annonce, qui date du 20 septembre dernier, a tout de suite ravi les représentants des associations musulmanes des Alpes-Maritimes qui y ont vu un message «d'ouverture». C'est «une main tendue au dialogue avec la communauté musulmane» s'est réjouit Boubekeur Bekri, le vice-président du Conseil régional du culte musulman (CRCM). L'aboutissement de longues discussions Il faut dire qu'avant d'en arriver là, les discussions ont été longues entre les représentants de la municipalité et de la communauté musulmane niçois. Entamée sous l'ère «Jacques Peyrat», le prédécesseur de Christian Estrosi à la tête de la municipalité, elles ont été poursuivies avec l'actuel maire pendant près de quatre ans avant de déboucher sur un résultat effectif. Pour rappel, lors de son élection en 2008, ce dernier avait promis de créer un grand lieu de culte musulman dans sa ville. Chose promise, chose due. «Ce geste significatif (...) correspond à une partie des engagements du maire», a salué son opposant socialiste, Patrick Allemand, qui a néanmoins tenu à rappeler, qu'à l'avenir, «il faudra, que les musulmans puissent bénéficier d'un lieu de culte correspondant à leurs besoins». Une solution temporaire Forte de 5 à 6 000 pratiquants «occasionnels», la communauté musulmane de Nice se retrouve en effet confrontée au problème de l'exigüité de ses lieux de culte. Pour le moment, la cité, qui compte 60 000 musulmans, dispose de 17 lieux de prière qui peuvent accueillir 5 000 personnes tout au plus, au regard des normes sécuritaires. La fermeture récente d'une petite salle de prière a, en outre, contribué à «l'aggravation» de la problématique du «manque de place». La mise à disposition de cette nouvelle salle de 500 m² arrive donc à point nommé pour les musulmans de la ville. Cela dit, bien qu'elle réponde de façon immédiate au «problème grave» du manque de place, elle n'apporte pas de solution sur le long-terme, comme le laisse entendre M. Boubkeur : «Plus tard, la question d'un grand lieu de culte musulman à Nice se posera». Ici, le délégué départemental de la région Alpes-Maritimes fait référence à la construction à l'étude d'une grande mosquée dans le quartier de l'Ariane, à Nice. Hostilité de l'extrême-droite locale Encore à l'état d'ébauche, ce projet n'a pas fini de faire jaser. Dans une ville très à droite comme Nice, où le Front national a fait 23% lors de la dernière présidentielle, le geste fort réalisé par Christian Estrosi a déjà rencontré l'hostilité d'une grande partie de la population. Accusé par Jacques Peyrat – ex-FN, puis UMP, puis de nouveau FN – «d'islamiser Nice», le maire UMP a réussi à susciter l'ire des nombreux militants d'ultra-droite de sa ville. Ces derniers le jugent «en état de soumission par rapport à l'Islam». Face à ses réactions, l'ancien-maire de la ville se frotte les mains car il sait que les prochaines élections municipales se joueront sur ce dossier. En attendant, il fourbit ses arguments anti-islam, en coulisse.