L'association Al Baraka a appris hier que le tribunal de Nice a accepté le document d'expropriation de la mairie de Nice concernant la salle qu'ils occupent comme lieu de culte depuis plusieurs années. Alors que l'association s'apprêtait à acheter le local, la mairie annonce qu'elle envisage de l'acquérir dans le cadre de sa politique de réaménagement du centre-ville. Malgré les accusations des pouvoirs publics locaux, l'association semble ne pas avoir dit son dernier mot. Les musulmans ne pourront plus prier dans l'unique salle de prière de la rue de suisse du centre de Nice. Le tribunal administratif de Nice a rejeté le référé-suspension de l'association Al Barka, qui oeuvre pour la création et l'entretien de lieux de culte musulmans, visant l'acte de préemption, procédure d'expropriation, du Maire de Nice contre le compromis de vente de cette salle qu'ils occupent, depuis 11 ans, comme lieu de culte. L'association reproche à la mairie d'avoir usé de son pouvoir pour mettre en place cette procédure d'expropriation. Alors que l'association venait à peine de réunir les 150 000 euros nécessaires pour l'acheter, la mairie a finalement décidé d'acquérir ce lieu pour le réaménager, dans le cadre d'un plan de rénovation du centre-ville. Contacté par Yabiladi, Hamid Soussany, vice-président de l'association s'explique : «Nous induirons un pouvoir de cassation devant le conseil d'Etat concernant le référé-suspension (qui doit être déposé avant le 27 juillet) […] dans l'attente du procès sur le fond qui aura lieu dans sept ou huit mois.» Selon cette association, la municipalité ne peut jouir du droit de préemption urbain que sous certaines conditions. Elle doit justifier «d'un projet d'action ou d'opération d'aménagement suffisamment précis et certain» à la date à laquelle où ce droit est exercé. Or, contacté par nos soins, M. Auguste Vérola, adjoint au maire chargé des cultes, affirme que «pour l'instant rien n'est vraiment prévu, on projette d'en faire un lieu culturel, mais rien n'exclu d'en faire un lieu de culte […] Le problème c'est que cette salle est occupée sans droit ni titre depuis onze ans. M. Razzouki (président de l'association Al Baraka) n'a jamais payé de loyer». Un acte politique Cette petite salle de 200m², située rue de Suisse, en plein centre-ville, fait partie des quinze lieux de prière musulmane répartis dans la ville de Nice. Elle ne désemplit pas, «alors que la grande église qui se trouve juste derrière est toujours vide. Je pense que c'est ça qui dérange». Pour Hamid Soussany, le flou autour du projet de rénovation de cette salle est purement politique : il est lié à «la politique globale de l'UMP. Le Front National réalise des scores conséquents à Nice. M. Estrosi (le maire de Nice) essaie de rallier l'électorat du FN, du coup tout le monde attaque l'islam.» De son côté M. Vérola se défend de tout acte islamophobe : «Nous ne voulons pas empêcher ces gens de prier. Personnellement, j'ai juste fait adopter le principe de salle de prière fermée, c'est-à-dire pas de prière dans la rue, tenue par une association responsable qui a un cahier de charges à respecter». M. Soussany va plus loin. Selon lui, l'acte de préemption constitue une entrave au libre exercice du culte prévu dans la Constitution.