Dans un nouveau testing dévoilé ce lundi, SOS Racisme a révélé qu'une agence immobilière sur quatre en France «accepte de discriminer de manière assez claire», alors qu'«une sur quatre accepte de se rendre complices» en affirmant à leurs clients qu'ils ont le «choix». La discrimination au logement a la peau dure en France. L'association française SOS Racisme, qui lutte contre le racisme, l'antisémitisme et plus généralement toutes les formes de discrimination, a dévoilé ce lundi une nouvelle enquête réalisée auprès des agences immobilière en France. Dans le nouveau testing, auquel Franceinfo a eu accès, l'ONG révèle que 48,5% des 136 agences immobilières testées accèdent aux exigences discriminatoires des propriétaires dont elles gèrent le logement. Pour réaliser cette opération, les militants de SOS Racisme ont contacté par téléphone des agences immobilières de plusieurs villes de France, en se faisant passer pour des propriétaires réclamant des discriminations. Sur l'échantillon testé, les personnes d'origine maghrébine ou subsaharienne, alors même qu'elles rempliraient toutes les conditions de solvabilité, «ont une chance sur deux de contacter une agence qui accepterait de pratiquer ou de laisser pratiquer une discrimination à leur endroit», déplore SOS Racisme. Dans le détail, «une agence sur quatre accepte de discriminer de manière assez claire», alors qu'«une sur quatre accepte de se rendre complices, c'est-à-dire qu'ils nous rappellent qu'ils n'ont pas, eux, le droit, mais nous incitent en tant que propriétaires à le faire en nous disons que c'est nous qui avons le choix en définitive», a expliqué Romain Montbeyre-Soussand militant de l'association, au micro de la radio publique ce lundi. «C'est assez triste de voir que ça avance assez peu même alors même que nous essayons de proposer des solutions qui sont mises en avant», déplore-t-il. ? DIRECT -? Enquête de SOS Racisme sur les discriminations dans l'accès au logement ➡️ "Une agence sur 4 accepte de discriminer de manière sur claire et une sur 4 qui accepte de se rendre complice", détaille Romain Montbeyre-Soussand, militant qui s'est chargé de cette enquête. pic.twitter.com/eDQctstWFt — franceinfo (@franceinfo) March 21, 2022 Les agences conscientes pourtant de l'interdiction de la discrimination par la loi «On n'a pas le droit de le faire mais je le fais déjà dans la sélection de mes rendez-vous», déclare la directrice d'agence immobilière, citée par le testing. Une autre a admis pratiquer elle-même ce genre de discriminations. «On est dans un quartier assez aisé et on ne peut pas placer n'importe qui… Voilà je comprends complètement ce que vous voulez dire», a-t-elle confié. Selon SOS Racisme, une agence sur deux refuse d'opérer une sélection sur la base d'un critère discriminatoire racial, soit 70 agences sur 136. De plus, sur l'ensemble des tests réalisés, les trois quarts des agences immobilières rappellent que la loi interdit toutes les formes de discriminations. Pour SOS Racisme ce testing «démontre que les pratiques discriminatoires dans le secteur de l'immobilier perdurent». Une situation inacceptable pour l'association car certaines des agences épinglées dans ce testing l'avaient déjà été lors de l'opération menée en 2019. France : Noirs et Arabes cibles des discriminations au logement En effet, lors du précédent testing, l'ONG avait révélé que les particuliers étaient plus enclins à la discrimination que les agences immobilières, celles-ci étant plus sensibilisées, ajoutant que les discriminations visaient avant tout les personnes d'origine maghrébine ou africaine, devant celles d'origine asiatique. Mais à l'époque, un dialogue avait été amorcé pour notamment mettre en place des formations. Pour cela, l'ONG réclame un «renforcement des sanctions pénales en cas de discriminations», mais aussi la «mise en place d'un ordre disciplinaire» en rétablissant «la fonction disciplinaire du Conseil national de la transaction et de la gestion immobilière, supprimée par la loi Elan de 2018». En France, la discrimination à la location est punie jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende, conclut Franceinfo.