Un testing de SOS Racisme mené pendant un an dans la région Ile-de-France révèle que les particuliers sont plus enclins à la discrimination que les agences immobilières, celles-ci étant plus sensibilisées. Les discriminations visent avant tout les personnes d'origine maghrébine ou africaine, devant celles d'origine asiatique. Face à la crise du logement en Ile-de-France, difficile de trouver où se loger. Il l'est encore plus lorsqu'on porte un nom à consonnance étrangère – et plus encore sur les sites de location de particulier à particulier que dans les agences immobilières. Preuve en est des résultats d'un testing inédit réalisé pendant un an par les équipes de SOS Racisme dans la région francilienne : «Un profil asiatique a 15% de chance en moins d'avoir un logement qu'une personne d'origine française ancienne, une personne d'origine maghrébine a 28% de chance en moins et une personne ultramarine (originaire des territoires d'outre-mer) ou d'Afrique subsaharienne a 38% de chance en moins.» Relayée notamment par France Inter et Le Parisien, l'étude avait pour objectif de mesurer les discriminations raciales sur ces lieux «encore peu explorés par les chercheurs, que constituent les plateformes de mise en relation de particuliers à particuliers». Le testing opérait à chaque fois via le même procédé : cinq candidatures fictives sont envoyées pour une même annonce, avec cinq patronymes différents, l'un «d'origine française ancienne», l'un ultra-marin, l'un asiatique, l'un maghrébin et l'un subsaharien. Les profils et garanties sont identiques mais formulées différemment pour ne pas éveiller les soupçons des propriétaires. «C'est le profil ayant des origines françaises anciennes qui a obtenu le plus de retours positifs (proposition de rendez-vous ou demande de pièces complémentaires afin d'accéder au rendez-vous) avec 17% de retours positifs, le profil asiatique a reçu 15% de retours positifs, le profil maghrébin a reçu 12% de retours positifs et les profils d'Afrique subsaharienne et ultramarin tous deux 11% de retours positifs», résume le rapport de SOS Racisme. "Je ne veux pas de Noirs ni d'Arabes"... enquête sur les agences immobilières (les franchises de Stéphane Plazza, Foncia, Orpi, Laforêt...) qui acceptent de mettre en place une selection discriminatoire des locataires. pic.twitter.com/XVh0ZrGRJH — David Perrotin (@davidperrotin) 6 mai 2019 Les particuliers plus enclins à la discrimination que les agences Au total, 1 250 messages ont été envoyés à des propriétaires bailleurs. Sur les 250 annonces ciblées, 141 ont fait d'objet d'au moins une réponse, et ont donc pu être considérées comme «valides et utilisables pour analyser les pratiques discriminatoires», explique l'association. Le rapport souligne que le prix du loyer n'a pas d'impact sur les discriminations. C'est en revanche l'influence du bailleur qui est beaucoup plus révélatrice : le taux de discrimination pour les logements mis en location par les particuliers grimpe à 87%, tandis qu'il se chiffre à 68% pour les biens proposés par des réseaux d'agence. «Ce n'est pas surprenant car les professionnels sont davantage sensibilisés à cette question et sont censés connaître le droit. Ceci étant dit, ce taux reste spectaculairement élevé de la part d'acteurs dont on attendrait qu'ils remplissent correctement leur rôle», s'inquiète Dominique Sopo, président de SOS Racisme. «La discrimination raciale est une infraction très insidieuse. Les victimes ont rarement conscience d'en avoir fait l'objet, rappelle Julia Levivier, la responsable du pôle juridique de l'association. Les preuves manquent et le testing est bien souvent la seule manière d'objectiver le phénomène.»