Un testing réalisé dans le Rhône révèle que les conseillers bancaires sont plus récalcitrants à accorder des crédits bancaires aux Français d'origine maghrébine ou subsaharienne, mais montrent volontiers patte blanche aux Français «sans origine migratoire». Logement, emploi... et maintenant crédit bancaire ? D'après un testing révélé jeudi 21 septembre, commandé par la ville de Villeurbanne (Rhône) en partenariat avec le Défenseur des droits, Jacques Toubon, et avec le soutien de l'Etat, les personnes d'origine maghrébine et subsaharienne sont plus susceptibles de se voir refuser l'accès au crédit bancaire, rapporte le Monde. Entre avril et décembre 2016, 90 tests ont été réalisés dans 63 agences de 12 banques, parmi les enseignes les plus connues implantées dans l'agglomération lyonnaise. Elle met en scène deux clients aux profils «rigoureusement équivalents», à l'exception de leur origine supposée, afin d'évaluer l'influence du critère de l'origine «ethno-raciale» sur l'accès à deux types de crédit : le prêt immobilier et le prêt à la création d'entreprise. Un entretien dénué d'intimité, au vu et au su des autres clients Le résultat est sans appel : si les rendez-vous pour un crédit immobilier ont été accordés sans inégalité de traitement, le client «supposé comme d'origine subsaharienne» s'est vu demander deux fois plus souvent une pièce d'identité. En l'absence de ce document, le conseiller bancaire de cinq des agences lui a refusé sur place l'entretien. Le particulier a priori «sans origine migratoire» - comprendre «blanc» - a systématiqueemnt été reçu en entretien, même sans avoir présenté ses papiers d'identité. Un testeur d'origine subsaharienne raconte : «La conseillère se trouvait à l'accueil à mon arrivée, elle m'a mis dans un angle droit sans m'offrir de place assise, témoigne-t-il dans le rapport publié par la ville de Villeurbanne. L'entretien a eu lieu debout. L'ambiance n'était pas à l'intimité car les autres clients qui venaient à l'accueil suivaient notre conversation. Tout s'est passé rapidement, elle ne m'a pas laissé l'occasion de poser des questions.» Quant à l'offre de crédit elle-même, le client testeur dont on suppose qu'il est «sans origine migratoire» «a fréquemment bénéficié d'une offre plus attractive, en particulier sur le taux d'intérêt (dans neuf agences, contre une seule où l'inverse s'est produit)», relève le rapport. Mauvaise foi des banques ? Les réponses aux demandes d'emprunt pour la création d'entreprise n'ont pas été non plus du même acabit selon leur origine supposée. Au cours du testing, un entrepreneur d'origine maghrébine n'a «jamais reçu d'information sur le montant empruntable, ni sur le taux d'intérêt ni sur la durée de remboursement conseillée (et a fortiori n'a jamais reçu de simulation)», poursuit le rapport. A contrario, le testeur supposé sans origine migratoire a accédé à ces informations dans la quasi-totalité des agences bancaires testées. Mises en cause, les banques ont déploré «l'approximation de la méthode et la grande imprécision des résultats» qui rendent «l'appréciation difficile de ce travail, qui n'a fait l'objet d'aucun échange contradictoire avec la profession bancaire». «Mais si certains cas de discrimination étaient avérés, nous ne pourrions que les condamner vigoureusement», a déclaré, dans un communiqué publié jeudi 21 septembre, la Fédération bancaire française.