Une enquête commanditée par les autorités de la ville de Villeurbanne (sud-est de la France) montre que les personnes d'origine maghrébine ont moins de chance que les autres d'avoir un logement. En moyenne, la moitié d'entre eux éprouve des difficultés à cause de leur origine. La municipalité de Villeurbanne prend les devants. «Les candidats 'français de souche' n'ont quasiment rencontré aucun obstacle dans leur recherche de logement alors que les candidats d'origine maghrébine ont été défavorisés plus d'une fois sur deux», a déclaré Eric Cédiey, directeur général de l'institut qui a réalisé cette enquête. L'étude, menée sous forme de testing, a retenu comme principal critère discriminant l'origine des demandeurs de logement. Le critère se déclinait par le nom, le prénom et l'apparence physique des «testeurs». Il a donc été révélé qu'il était difficile de trouver un logement, pour la moitié des personnes dont le nom ou l'apparence évoque l'Afrique du nord. Il s'avère même que le ratio de discrimination est plus prononcé dans les quartiers huppés. Selon Eric Cédiey «les candidats maghrébins ont été désavantagés jusqu'à neuf fois sur dix dans le quartier des Gratte-Ciel», l'un des plus prisés de la ville. «Les quartiers (…) les plus beaux, discriminent le plus», résume-t-il. L'enquête du Centre d'Observation et de Recherche sur l'Urbain et ses Mutations (ISM-CORUM) a également souligné que «la discrimination sur l'origine se manifeste plus violemment sur les hommes que sur les femmes.» Cette discrimination se fait généralement au moment de la visite du logement, et se manifeste de plusieurs façons. Il arrive ainsi que les agents immobiliers freinent un candidat dans la constitution du dossier, pour en favoriser un autre. Le directeur de l'ISM-CORUM relève cependant que «la plupart des discriminations ne sont pas intentionnelles ; elles relèvent plutôt de mauvaises pratiques.» Les autorités locales prennent les devants Selon le site du quotidien français Libération, cette enquête s'inscrit dans le plan de lutte contre les discriminations au logement lancé en février 2010 par les responsables de la ville. Pour Jean-Paul Bret, maire (PS) de Villeurbanne, le but de l'enquête est «d'accompagner les acteurs du logement vers une prise de conscience et non de les sanctionner». Rappelons que la discrimination au logement est un délit puni en France par 3 ans de prison et 45 000 € d'amende. Cette sensibilisation devra stimuler les professionnels du logement à se mobiliser contre ce fléau. «Le constat est fait. Aux organisations professionnelles de prendre leurs responsabilités», a déclaré dans ce sens Lionel Leifer, de la Fédération Nationale française de l'Immobilier (FNAIM). Les autorités de Villeubane prévoient d'ailleurs un partenariat avec des agences immobilières volontaires, pour la constitution d'un label engagé dans la lutte contre ces formes de discrimination.