Dans sa quête – sans grand résultat pour le moment – de promotion de la diversité, l'Etat français vient de connaître une nouvelle ère. Eric Besson, ministre de l'Immigration, a reçu mardi, un rapport sur la promotion de la diversité et la lutte contre les discriminations dans les entreprises, réalisé à la demande de son département. Ce rapport préconise quinze mesures pour encourager la diversité, notamment d'inclure le lieu de résidence dans les critères discriminatoires prohibés par la loi. L'égalité des chances et la diversité dans les entreprises sont des sujets cher au président Nicolas Sarkozy. C'est ainsi qu'il a émis l'idée de créer un «Label Diversité». Cette distinction lancée en 2008, a été décernée pour la première fois à sept entreprises françaises en avril 2009, pour une durée de trois ans. Ce travail de promotion du multiculturalisme ne pouvait se limiter à la distinction des entreprises «engagées dans la prévention des discriminations, d'égalité des chances et de promotion de la diversité dans le cadre de la gestion des ressources humaines». Ainsi, à l'initiative d'Eric Besson, le Centre d'analyse stratégique (CAS), organisme dépendant de Matignon, avait confié au Cabinet d'études Deloitte en 2009 une étude sur les meilleures pratiques des entreprises en matière de diversité en France et à l'étranger. Le rapport est intitulé «la Promotion de la diversité dans les entreprises. Les meilleures expériences en France et à l'étranger». Il a comparé les pratiques françaises en la matière aux cas de six autres pays : l'Allemagne, le Canada (Québec), les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède. L'un des premiers constats qui se dégage de l'étude, est que «les discriminations persistent, sans qu'il soit d'ailleurs possible d'en cerner exactement l'étendue», malgré l'existence de mesures ad hoc pour les combattre. Ces discriminations concernent l'emploi. «Au vu des chiffres disponibles, les populations issues de la diversité peinent toujours à accéder à l'emploi» note l'étude. C'est le cas notamment des personnes issues de l'immigration, des personnes handicapées et des seniors peu qualifiés. Elles «peinent à progresser» quand elles trouvent un emploi, et sont cantonnés dans des «métiers fastidieux et mal rémunérés». La plupart des testings (pratique utilisée pour mettre en évidence une discrimination) effectués en France depuis 10 ans ont été catégoriques selon le rapport. «Un homme avec un nom et un prénom maghrébin a, en moyenne, 4 à 5 fois moins de chances qu'un candidat ayant un patronyme français, d'être convoqué à un entretien d'embauche», a-t-il précisé. Sans grande surprise donc, le taux de chômage des immigrés (15,2 %) s'est révélé être le double de celui des non immigrés (7,3 %). Les jeunes de 15 à 24 ans des zones urbaines sensibles (ZUS), issus en partie de l'immigration, sont les plus touchés par le chômage (22 % contre 11,6 % sur la même tranche d'âge au niveau national). Pourtant, le taux d'immigrés diplômés de l'enseignement supérieur a quadruplé de 1982 à nos jours, passant de 6 % à 24 %, une proportion très proche de celui des non-immigrés (29 %). Les concepteurs du rapport ont ensuite énuméré ce qu'ils appellent «bonnes pratiques» chez certains groupes en France (l'Oréal, Casino), en Suède (Volvo), aux USA (Johnson & Johnson), avant de faire des recommandations au nombre de quinze. Elles sont classées autour de 3 axes. Premièrement, facilitater l'intégration professionnelle des populations issues de la diversité. Deuxièmement, promouvoir le Label Diversité et renforcer l'articulation entre les dispositifs, et enfin, sensibiliser, informer et mesurer. La recommandation qui a retenu le plus l'attention des médias préconise l'introduction du lieu de résidence dans les critères de discrimination définis par la loi. Le ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire, a pris note et Eric Besson s'est engagé à étudier les possibilités de modification de la loi du 16 novembre 2001 relative à la lutte contre les discriminations. Le rapport complet et sa synthèse sont téléchargeables sur les portails du CAS et du ministère de l'Immigration.