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Les banlieues françaises à la dérive
Publié dans L'observateur du Maroc le 24 - 12 - 2010

Il y a une exception française. Celle d'un pays malade de son incapacité à se voir et à s'accepter tel qu'il est depuis longtemps déjà: métissé. Cette situation est à l'origine d'une belle incongruité. Pendant que la cote de Marine Le Pen monte grâce à l'équation«islam=immigration=occupation», l'ambassade des Etats-Unis à Paris repère dans les banlieues les jeunes issus de l'immigration les plus prometteurs et les invite outre-Atlantique, voyant en eux source de richesse, d'innovation et les jeunes leaders de demain!
Pas étonnant du coup que les rapports sur les inégalités qui frappent les émigrés, puis leurs enfants et petits enfants français, se suivent et hélas… se ressemblent. Le dernier en date, révélé le 16 décembre par Le Monde, est tout sauf une surprise. Mais c'est pire que ce qu'on croyait. 43% des hommes jeunes (et 37% des jeunes femmes) sont au chômage dans les 751 zones urbaines sensibles (ZUS) des 40 principales villes de l'Hexagone. Avec une circonstance aggravante: cette situation est inédite en Europe. Nulle part en effet le fossé entre les ZUS et le reste du territoire n'a une telle ampleur même si il existe dans d'autres pays européens.
Ghettoïsation des banlieues sensibles
On doit ce constat à l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus). Cinq ans après les émeutes de 2005 qui ont enflammé les banlieues et vingt ans après que le président socialiste d'alors François Mitterrand a créée le premier ministère de la Ville en promettant un changement perceptible dans les cinq ans, la ghettoïsation de ces banlieues se renforce. Les chiffres révélés par Le Monde sont implacables. Aggravés par la crise économique, les taux de chômage dans les ZUS atteignent 18,6% contre 9,8% dans les autres zones urbaines. Pire : pour la première fois, les diplômes ne protègent plus leurs détenteurs alors que les obtenir relève souvent du parcours du combattant dans un système éducatif très inégalitaire.
A l'école, plus que partout, le poids du milieu social reste en effet très lourd. Et si l'école française a réussi à mener au bac la majorité d'une génération, une autre étude, de l'OCDE cette fois, montre qu'elle ne donne pas les mêmes chances à tous quand elle n'enfonce pas ceux qui partent avec des handicaps socio-économiques. Du coup, les différences de milieu social expliquent 28% des disparités de résultats entre les élèves en France alors que le taux moyen est de 22% dans l'OCDE. Les jeunes issus de la première génération immigrée sont particulièrement vulnérables : ils ont «au moins deux fois plus de risques de se retrouver parmi les élèves peu performants». Seul point positif : ceux issus de la seconde génération ont progressé.
Déficit de 500.000 à 900.000 logements sociaux
L'édition 2010 du «Portrait social de la France» que publie l'Insee va plus loin. Elle montre que les enfants d'immigrés maghrébins sont les mal aimés de l'emploi. Leur taux d'emploi s'établit à 65% alors que celui des enfants originaires des pays de l'Est, du Nord ou du Sud est proche de celui des enfants de parents français (85% en moyenne).
Ce chômage de masse a des conséquences sur les populations. On compte dans ces quartiers le double de bénéficiaires des minima sociaux, le double de personnes vivant au dessous du seuil de pauvreté et plus de 25% de familles monoparentales contre 15,8% hors ces quartiers. Cette paupérisation est accentuée par une extrême mobilité. «Chaque année, note l'Onzus cité par le Monde, 7% des habitants quittent le quartier et sont remplacés par de nouveaux habitants généralement en situation de plus grande précarité».
Pas étonnant non plus qu'un tel contexte génère des tensions et une délinquance que l'extrême droite utilise et instrumentalise habilement. Résultat : la délinquance est le sujet de préoccupation majeure d'un quart des habitants des ZUS où les incendies volontaires de voitures, de poubelles et autres ont augmenté de 17%.
On voit mal comment la tendance à la ghettoïsation s'inverserait vu l'insuffisance criante du parc de logements sociaux. Même si celui-ci a beaucoup progressé entre 1999 et 2009, passant de 3,9 millions à 4,3 millions, il en manquerait néanmoins de 500.000 à 900.000 pour satisfaire à une liste d'attente évaluée à 1,2 million de ménages pauvres.
Emergence d'une classe moyenne issue de l'immigration
Une enquête publiée le 20 décembre par le quotidien Libération montre que 38% des villes françaises refusent de remplir leur quota de logements sociaux (20% en 2022 pour les communes de plus de 3 500 habitants). Cédant aux réactions souvent hostiles de leurs habitants, nombre de communes résidentielles de région parisienne font de la résistance. Et cela d'autant plus tranquillement que l'amende légale est si peu dissuasive qu'elle n'incite vraiment pas les maires à contrer leurs électeurs potentiels en imposant la construction de logements sociaux: 152 euros par logement manquant!
La politique de la ville menée jusqu'ici est donc loin d'avoir donné les résultats annoncés. Certes l'Etat investit 3 à 4 milliards d'euros par an dans les ZUS à travers les programmes d'éducation prioritaire, de rénovation urbaine ou de soutien aux associations. Mais la diminution supérieure à 10% des crédits du Ministère de la ville pour 2011 n'est pas faite pour résorber, même partiellement, cette coupure de la France en deux qui fabrique un véritable rejet de l'Autre. Et encore moins pour combattre le découragement des jeunes des ZUS.
Dans ce panorama sinistré, le relatif optimisme de certains experts passe inaperçu. Dommage ! Car une classe moyenne issue de l'immigration a malgré tout émergé. Et nombre d'entreprises françaises commencent à comprendre le parti qu'elles peuvent en tirer notamment pour se développer à l'étranger. Une bonne nouvelle qui devrait encourager les dirigeants politiques à être moins tétanisés face à la montée du populisme d'extrême droite. Au lieu, comme l'estime Soumia Belaidi Malinbaum, présidente de l'Association française des managers de la diversité, de continuer à «avoir un train de retard dans les discours qu'ils tiennent à l'opinion publique».


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