Eté comme hiver, les discriminations au logement sont constatées en France. Mais une récente enquête de Franceinfo revient sur leur ampleur en pleine période estivale, rappelant la réalité de plusieurs Maghrébins ou binationaux vivant dans le pays. En été, les demandes d'hébergement via Airbnb, Abritel et Le bon coin flambent. Cependant, plusieurs de ces requêtes sont rejetées à cause des noms des demandeurs à consonance maghrébine. C'est ce qui ressort d'une enquête réalisée par Franceinfo et publiée ce mardi. Témoignages à l'appui, le site évoque plusieurs cas de refus d'hébergement, qui ont été acceptés via d'utilisation d'un nom à consonance européenne. «Souvent, il est difficile de prouver qu'on est victime de racisme. Mais quand on pousse un peu, il suffit de revenir sur l'annonce le lendemain et on peut voir les dates que j'avais sélectionnées auparavant de nouveau disponibles», explique Merwane Mehadji (23 ans), qui a envisagé de passer ses vacances à Marseille. Les mêmes réservations avec des noms différents Franceinfo raconte qu'avec l'aide d'une amie française, Merwane Mehadji a effectué une réservation identique, qui a reçu une réponse «dans la demi-heure avec confirmation que c'était bien disponible». Dans d'autres cas, les discriminations sont plus explicites, comme l'explique encore le média en évoquant une annonce de location près d'Aix-en-Provence sur Airbnb. «Les hôtes avaient indiqué 'pas de halal chez nous' dans les remarques aux voyageurs», ajoute la même source. «J'ai dû échanger un grand nombre de fois avec Airbnb pour leur faire comprendre que cette annonce était inadmissible, confie Pierre, qui cherchait une maison de vacances. Le seul résultat obtenu, ce fut une suppression de la phrase raciste». De son côté, l'entreprise précise à Franceinfo que sa procédure dans ce genre de situation consiste à «adresser un avertissement à l'utilisateur. Si celui-ci n'est pas respecté, Airbnb peut procéder à la suppression du compte concerné». Saisir le Défenseur des droits L'avocat Grégoire Hervet souligne à Franceinfo que «le Défenseur des droits est l'autorité naturelle pour traiter ces requêtes». Par ailleurs, il rappelle que «les personnes concernées peuvent saisir directement [l'autorité] sur le site internet, puis le Défenseur des droits peut ouvrir une enquête et rendre une décision avec une transaction pénale». C'est pour cela que Merouane Mehadji envisage de saisir cette autorité pour lancer des opération de testing. Selon un rapport de celle-ci, 14% des personnes cherchant un logement disent s'être confrontées à des discriminations. Ces cas ne se limitent pas aux demandes estivales. Ils ne sont pas sans rappeler des précédents de discrimination ethnique au logement dans les HLM de Toulouse, des études universitaires à ce sujet, réalisées en France et attestant de ces usages discriminatoires, ou encore les expériences de ressortissants marocains en Espagne.