Une semaine après la multiplication de révélations sur le harcèlement et le chantage sexuels visant des étudiants dans le milieu universitaire, Transparency Maroc a estimé que l'extorsion sexuelle constituait un «détournement de pouvoir à des fins privées». «Elle constitue, de ce fait, l'une des formes de corruption les plus insupportables», a indiqué l'ONG, jeudi dans un communiqué, ajoutant qu'«au-delà de l'espace universitaire, ces pratiques se retrouvent, dans nombre d'autres secteurs où le genre constitue une monnaie d'échange». Dans ce sens, l'association a rappelé le projet «impact et manifestation de la corruption sur la femme», à travers lequel elle a «mis en évidence le fait que les femmes subissent des formes distinctives de corruption dont celle de la violence sexuelle». Ainsi, «ces manifestations de corruption féminines aggravent les inégalités entre les deux sexes». Dans le contexte des nouvelles révélations, Transparency Maroc a appelé à engager une action publique de la part du Parquet, considérant que les dispositions du Code pénal relatives à la corruption, au trafic d'influence et celles liées aux violences faites aux femmes constituaient une base juridique légale. Aussi, elle recommande d'«introduire, dans le projet du Code pénal, l'extorsion sexuelle comme forme de corruption et d'abus de pouvoir». L'organisation a appelé les pouvoirs publics à «prendre des dispositions préventives dans toutes les administrations et établissements des secteurs public et privé pour faire face à ce phénomène et mettre en place des mécanismes sécurisés pour l'écoute, le recueil des plaintes et l'engagement de l'action publique contre les suspects». «Des études et des recherches de terrain» restent encore à effectuer, afin de mieux analyser le phénomène et «renforcer le système des données autour de ces crimes». Dans le même sens, l'ONG a diffusé un Guide de lutte contre la corruption sexuelle, pour proposer des outils d'information, de sensibilisations, des mécanismes d'alerte et d'aide. Selon l'association, le silence autour du phénomène s'explique justement par le fait que «les victimes craignent d'être stigmatisées et considérées comme responsables parce que 'provocantes' par leur habillement ou leur attitude, ou considérées comme 'complices' de la corruption sexuelle et du fait également qu'elles ne comprennent pas leurs droits et ne savent pas à qui s'adresser pour se plaindre ou comment utiliser les procédures disciplinaires».