«Les manifestations de la violence basée sur le genre observées en milieu universitaire ne diffèrent pas de celles constatées dans l'espace public». Ce sont les révélations de Naima Benouakrim, membre du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), dans une interview accordée au Think Tank marocain «Policy Center For New South» sur la violence sexiste dans l'espace universitaire. La militante des droits humains, qui s'est basée sur les résultats d'une enquête qu'elle a menée avec d'autres acteurs de la société civile dans certaines universités marocaines, a expliqué en effet l'existence des formes de violence à l'encontre des enseignantes en milieu universitaire. «On continue d'observer quelques dépassements visant les femmes, en particulier sous la forme d'actes de harcèlement sexuel ou de violence verbale à l'encontre de professeurs universitaires femmes, pendant la période des examens», indique-t-elle. Mme Benouakrim a révélé en effet que même les étudiantes sont victimes de harcèlement sexuel de la part des enseignants en période des examens. «La violence basée sur le genre peut atteindre une dimension plus grave telle que la corruption ou le chantage sexuel dans le cadre de rapports entre des étudiantes d'une part et des cadres et enseignants hommes d'autre part, ce qui occasionne de sérieux dommages psychologiques chez les victimes pouvant conduire jusqu'à l'arrêt des études», dit-elle. D'autre part, Naïma Benouakrim a évoqué un ensemble de facteurs qui aggrave le phénomène de la violence et renforce sa banalisation au sein de la société marocaine. «Le choix des victimes de garder le silence pour éviter de perdre d'autres droits, par l'absence au sein de l'université de mécanismes dédiés pour traiter ces cas, par l'analphabétisme juridique qui prévaut parmi les femmes et, enfin, par la crainte des conséquences sociales et juridiques», note -t-elle. L'intervenante a par ailleurs insisté sur l'importance de sensibiliser l'opinion publique et d'expliquer que la violence faite aux femmes est une atteinte à leurs droits, à leur dignité et à leur sécurité psychologique et physique, et qu'elle porte des répercussions sur toute la société. «Malgré l'existence de programmes et de stratégies qui sont menés par l'Etat pour combattre le phénomène de la violence de manière générale, nous manquons encore d'indicateurs et de mécanismes de suivi pour examiner leur efficience et l'efficacité des efforts déployés dans ce sens», ditelle. En conclusion, Mme Benouakrim a signalé qu'au niveau international, la violence est reconnue comme étant une forme de discrimination à l'égard des femmes en vertu de la Convention pour l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes qui est une référence internationale fondamentale dans ce domaine et qui fait obligation aux Etats de prendre les mesures politiques, juridiques et institutionnelles nécessaires pour lutter contre ce phénomène.