Le ministre français de l'Immigration Eric Besson a annoncé qu'il ne signerait pas le décret d'application sur les tests ADN pour le regroupement familial. L'information fait la une de tous médias français depuis la déclaration du ministre, le dimanche 13 septembre sur la radio Europe 1. Cette nouvelle a été saluée par beaucoup mais elle a créé un véritable tollé au sein de la droite française. « Je ne signerai pas ce décret d'application pour une raison simple. Je ne suis pas en mesure dans les délais impartis par la loi, c'est-à-dire au 31 décembre 2009, de respecter l'esprit et la lettre de la loi », a déclaré le successeur de Brice Hortefeux sur l'antenne d'Europe 1. Il a été rapidement félicité par des associations de défense des droits de l'Homme. « Eric Besson s'est montré courageux. Je lui dis : chapeau ! Faire une loi sur les tests ADN est inacceptable », a déclaré Patrick Gaubert, président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), cité par Le Monde. Pour SOS Racisme, « Eric Besson a pris une décision de bon sens ». L'association « prend acte avec satisfaction », écrit-elle, citée par la même source. Une petite victoire pour la gauche et les défenseurs des droits humains. C'est en 2007 au moment où Brice Hortefeux était à l'Immigration que la polémique autour des tests d'ADN était née. Ce dernier avait accepté un amendement du député UMP Thierry Mariani qui instituait l'ADN comme moyen de prouver la filiation des candidats au regroupement familial. Dès lors, des critiques acerbes venant de tous les côtés s'étaient exprimées. L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et SOS Racisme avaient même lancé une pétition contre ces tests. Malgré tout, ils ont été approuvés par le Parlement dans une loi sur la « maîtrise de l'immigration » L'annonce du natif de Marrakech de refuser de signer le décret d'application n'enterre pas définitivement les tests d'ADN. « Le législateur a émis tellement de contraintes que le décret d'application n'est pas possible en l'état », a-t-il ajouté sur Europe 1. Il avance notamment comme raison, le sous-équipement des consulats pour ces empreintes génétiques. En d'autres termes, le très controversé recours aux tests d'ADN n'est pas définitivement enterré. Une bataille remportée par la gauche mais la guerre par contre est loin d'être finie. Cette courte victoire dont l'ex-membre (1993- 2007) du Parti socialiste est à l'origine, a créé un désordre au sein de la majorité présidentielle. Le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, Jean-François Copé a pris les devants. Il s'est exprimé tôt ce lundi matin sur France 2, en déclarant que la loi sur le recours à des tests ADN a été votée et doit être appliquée. « Il faut que chacun soit bien conscient tout de même qu'il s'agit d'une loi votée et que lorsque la loi est votée, les gouvernements ont l'obligation de mettre en œuvre les décrets d'application », a-t-il dit. Au sein de l'état-major de l'UMP, c'est le cafouillage total. Le premier ministre, en déplacement en Russie a confirmé le report d'application des tests. « Le Parlement a voté un texte très équilibré dans lequel il y a une garantie de défense très forte des droits. Pour le moment nous n'arrivons pas à mettre en œuvre cette garantie. (...). Tant que nous n'aurons pas trouvé le moyen d'appliquer les garanties votées par le Parlement, nous n'appliquerons pas le texte », a expliqué François Fillon à la presse en marge d'un colloque international à Iaroslav, à 300 km de Moscou. Mardi, Nicolas Sarkozy recevra les députés UMP à l'Elysée pour un déjeuner d'après Europe. Une occasion pour le chef de l'Etat de trancher sur cette question. Un arbitrage qui s'annonce d'ores et déjà difficile. Et pour cause, Eric Besson a déjà prévenu. Interrogé à la question de savoir s'il souhaitait voir ce débat réouvert, ce dernier a répondu : « Non ». Peut-il faire face à tous les députés UMP ?