Un échange d'une violence feutrée s'est déroulé entre deux personnalités emblématiques de la majorité présidentielle que sont Jean-François Copé et Eric Besson. Non content de figurer sur la vidéo, hilare, presque comme un élément déclencheur de cette séquence qui avait enfoncé le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux dans les sables mouvants du racisme ordinaire, Jean-François Copé, le patron du groupe UMP à l'Assemblée nationale semble décidé à jouer le poil à gratter présidentiel. Une belle occasion vient de lui être fournie par la décision de Nicolas Sarkozy d'enterrer la loi sur les tests ADN destinée à la base à exercer un contrôle supplémentaire sur les filières de l'immigration par la voie du regroupement familial. L'abandon de cette loi fut annoncé par le ministre de l'Immigration Eric Besson, ex-socialiste devenu par la grâce présidentielle un imminent responsable de la galaxie UMP. La raison invoquée par Besson: refus de signer le décret pour inapplicabilité de la loi. Dès l'annonce de cet important virage, le sang de Jean-François Copé n'a fait qu'un tour : Comment se fait-il, tonne de rage et de fureur, que le gouvernement décide d'abandonner en rase campagne une loi sans même se donner la peine d'en informer la Parlement ? Gêné aux entournures par cette affaire, le Premier ministre François Fillon a conseillé à son ministre de l'Immigration de prendre langue avec la majorité parlementaire pour tenter d'expliquer ce recul et dégonfler la vague de grogne qui enfle au fil des jours. La rencontre entre Eric Besson et le groupe parlementaire emmené par Jean-François Copé a eu lieu et provoqué des étincelles aux conséquences lourdes. Un échange d'une violence feutrée s'est déroulé entre deux personnalités emblématiques de la majorité présidentielle que sont Jean-François Copé et Eric Besson. Copé charge Besson : «ça pose un problème de principe et de procédure. Tu affaiblis le Parlement. Tu aurais dû en parler au président de la commission des lois, Jean-Luc Warsmann et accessoirement à moi». Besson réplique à Copé : «J'ai l'impression qu'ici c'est comme au PS: Les soutiens sont privés et les critiques publiques». Eric Besson est même accusé de se livrer à une petite opération d'auto promotion politique, car en refusant de signer le décret d'application des tests ADN, il «apparaît comme le gentil ministre et Hortefeux le méchant raciste». En s'acharnant ouvertement à démolir la posture d'Eric Besson, Jean-François Copé ne vise pas particulièrement à affaiblir un ministre issu d'une ouverture politique sur la gauche qu'il n'a jamais réellement porté dans son cœur. Le message de la résistance et d'indépendance des parlementaires de l'UMP qu'il tente d'incarner avec plus moins de flegme et de sang froid, est adressé directement au président de la République. Dans ses nombreuses prises de position, Jean-François Copé reproche à Nicolas Sarkozy de prendre le Parlement pour quantité négligeable tout juste apte à enregistrer ses désirs et ses sauts d'humeur. Face à l'hyper président pratiqué au quotidien par Nicolas Sarkozy au détriment d'un Premier ministre inactif et aphone, Jean-François Copé rêve d'installer l'hyper Parlement capable de contrôler et de dynamiser l'action publique. Dans ce micro combat entre Jean-François Copé et Eric Besson, Nicolas Sarkozy a pris ouvertement le parti de son ministre de l'Immigration au risque d'alourdir la passif entre l'Elysée et la majorité du Palais Bourbon. Il ne pouvait faire autrement. D'abord parce que l'abandon des tests ADN est une idée à lui : «Tout le monde sait que les tests ADN ne servent à rien» selon ses propres mots, scénarisée par Eric Besson. Ensuite, il ne pouvait solliciter l'adhésion du groupe UMP sans passer sous les fourches caudines de Jean-François Copé qui n'attendait qu'une occasion pareille pour manifester la puissance de sa capacité de nuisance, exercer une pression et demander un prix en échange de sa docilité. Et parce que ce n'est pas la première loi qui n'a pas son décret d'application que la conviction est installée aujourd'hui et que Jean-François Copé, le député maire de Meaux et fondateur du Club «Génération France» qui attire de plus en plus d'étoiles dont Rachida Dati, a décidé de passer à la vitesse supérieure dans l'affirmation de son originalité et de son ambition.