Fini l'ouverture à gauche et à la diversité. Le nouveau gouvernement fait une grande place aux personalités de l'UMP et aux chiraquiens. Ancré dans la droite traditionnelle, le gouvernement semble être avant tout une équipe de campagne pour 2012. Le point sur le remaniement. Pas de vrai changement, ni de vraies surprises dans la nouvelle équipe annoncée. «Tout ça pour ça !», ironisait lundi Martine Aubry, du Parti socialiste. Continuité, tel est le premier maître mot du remaniement, puisque Nicolas Sarkozy conserve à Matignon l'indéboulonnable François Fillon. Le nouveau gouvernement est marqué par le retour de quelques poids lourds de la droite, avec la réapparition de l'ancien Premier ministre Alain Juppé, nommé ministre de la Défense et des anciens combattants, ou encore de Xavier Bertrand au Travail et à la Santé. Jean-Louis Borloo s'est fait éclipser, perdant son poste de ministre de l'Ecologie, sans se retrouver projeté au rang de Premier ministre comme certaines rumeurs l'avaient prédit. Michèle Alliot-Marie prend le poste à la diplomatie, Christine Lagarde à l'Economie et Brice Hortefeux demeure à l'Intérieur. Ce nouveau remaniement se révèle être la fin des ouvertures à gauche et à la diversité, pour ré-ancrer le gouvernement dans la droite plus traditionnelle, avec des personnalités 100% UMP et quelques politiciens de la droite chiraquienne. L'ouverture à la diversité, impulsée en 2007 par Sarkozy, n'a pas fait long feu, comme le dénonçait lundi matin SOS Racisme. Exit Rama Yade, ex-secrétaire d'Etat aux Sports, et Fadela Amara, ex-secrétaire d'Etat à la Ville. Fermant la parenthèse de l'ouverture à gauche, Bernard Kouchner, ex-ministre des Affaires étrangères, et Jean-Marie Bockel font partie des sortants du gouvernement. Ancré dans la droite traditionnelle, le nouveau gouvernement prend ainsi des allures d'équipe de campagne pour la grande bataille présidentielle de 2012. Un remaniement en trompe-l'œil Et dans tout cela, quid de «l'identité nationale» ? Si officiellement, le ministère de l'Identité nationale a disparu, plusieurs associations antiracistes ont dénoncé lundi le rattachement du portefeuille de l'Immigration au ministère de l'Intérieur de Brice Hortefeux, jugeant que la disparition du libellé «identité nationale» est un trompe-l'œil. Toujours dans les bonnes grâces du président, Eric Besson, qui était à la tête du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, devient quant à lui ministre délégué à l'Industrie, l'énergie et l'économie numérique. «Le remaniement gouvernemental de ce jour a comporté, pour les antiracistes, une nouveauté ayant les apparences d'une bonne nouvelle et une réalité qui, avec certitude, constitue une inflexion inquiétante», a souligné le président de SOS Racisme, Dominique Sopo. «Malheureusement, au-delà de la disparition du libellé nauséabond de l'identité nationale, nous craignons que la thématique de l'identité «en danger» continue de se déployer (…) Le maintien ou non du projet d'extension des possibilités de déchéance de la nationalité française sera à cet égard un test significatif», a-t-il estimé. Lundi, Nicolas Sarkozy restait en baisse dans les sondages, avec 32% d'opinions favorables. La feuille de route des ministres devrait être annoncée dans les jours qui suivent, avec l'annonce par le président français de ses priorités lors d'une allocution télévisée dans le courant de la semaine, ainsi que le discours de politique général de François Fillon la semaine prochaine.